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La guerre menée par Israël à Gaza en riposte à la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 est la plus destructrice jamais conduite par l’Etat hébreu dans ce territoire palestinien. Et pourtant, le blocus absolu imposé à la presse (y compris israélienne), aux humanitaires et aux observateurs internationaux sur le terrain la rend paradoxalement invisible, donnant prise à toutes les désinformations.
Un an après le début de l’offensive israélienne, ce livre voudrait donc revenir aux faits. Les principaux rapports des ONG internationales, palestiniennes et israéliennes, ainsi que des enquêtes d’experts et des articles de presse, ont été sélectionnés et présentés par la spécialiste du Moyen Orient Agnès Levallois, avec les contributions inédites de consultants indépendants et responsables d’ONG. Sont ainsi documentés et mis en perspective les faits qui ressortissent du droit de la guerre et du droit humanitaire international : le sort des victimes civiles, l’ampleur des destructions du territoire, les attaques contre les journalistes, les humanitaires et les personnels de santé, l’arsenal utilisé…
Bilan provisoire d’une guerre qui s’annonce sans fin.
Préface de Rony Brauman. Avec les contributions de Guillaume Ancel, Leïla Bourguiba, Jonathan Dagher, Peter Harling, Johann Soufi.
Agnès Levallois est vice-présidente de l’Institut de Recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), consultante Moyen-Orient, chargée de cours à Sciences Po, et ancienne directrice des programmes en langue arabe de France 24. -
Que dirait aujourd’hui Hannah Arendt en apprenant que Benjamin Netanyahu a créé une agence gouvernementale de « l’identité nationale juive » ? Dès 1951, elle alertait des dangers qui guettaient l’État-nation Israël à sa création : « Cette solution de la question juive n’avait réussi qu’à produire une nouvelle catégorie de réfugiés, les Arabes accroissant ainsi le nombre des apatrides et des sans-droits de quelque 700 000 à 800 000 personnes. »
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Le coeur pensant : Réflexions sur un chaos annoncé
David Grossman, Jean-luc Allouche
- Seuil
- 4 Octobre 2024
- 9782021571417
« Ce recueil d’articles et de discours exprime les réflexions et les sentiments d’un individu qui n’a pas connu un seul jour de paix véritable dans son pays, et c’est sans doute parce qu’il n’a jamais connu un tel jour qu’il se bat depuis des décennies pour y parvenir. » D.G.
À l’occasion du premier anniversaire du pogrom perpétré le 7 octobre 2023 par le Hamas en terre d’Israël, voici réunies sous un titre inspiré des Écrits d’Etty Hillesum dix interventions virulentes d’un intellectuel dont la voix puissante ébranle régulièrement l’opinion israélienne et internationale. Certaines, prémonitoires, ont précédé le massacre de juifs le plus important depuis la Shoah et dénonçaient déjà les décisions désastreuses quiallaient conduire le pays à la catastrophe. D’autres ont aussitôt suivi, cris d’horreur et de désespoir condamnant l’insouciance criminelle d’un gouvernement qui a gravement compromis la sécurité de ses propres citoyens. Passé le choc initial, David Grossman, défenseur infatigable de la paix avec le peuple palestinien, n’a cessé d’interpeller les consciences.
Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche et de l’anglais par Clément Baude
David Grossman, né à Jérusalem en 1954, est l’auteur d’essais engagés et de douze romans abondamment primés dont Une femme fuyant l’annonce (prix Médicis étranger 2011). Lauréat du prix de la Paix des libraires allemands, de l'International Booker Prize, du prix Erasme et du prix Heinrich Heine, il est officier de la Légion d’honneur. -
Israël, Palestine : Vérités sur un conflit
Alain Gresh
- Fayard/Pluriel
- Pluriel
- 28 Février 2024
- 9782818507438
Pourquoi les espoirs de paix au Proche-Orient, nés de la poignée de main historique entre Yasser Arafat et Itzhak Rabin en 1993, se sont-ils effondrés ? Pourquoi la violence marque-t-elle le Proche-Orient depuis plus de cent ans ? Quelles sont les racines historiques du problème ? Quels rapports existe-t-il entre les juifs, le sionisme, l'antisémitisme, la Shoah et la création d'Israël ? Quelle est l'origine du drame des réfugiés palestiniens ? Quels sont les impacts de la nouvelle tragédie qui se déroule sous nos yeux depuis le 7 octobre 2023 ?
C'est notamment à ces questions que la nouvelle édition de ce classique apporte des réponses, loin des points de vue communautaires qui voudraient que les juifs soient solidaires d'Israël et les musulmans des Palestiniens.
L'auteur défend une position universaliste en replaçant les événements dans un cadre d'analyse qui leur donne un sens global. Acceptons d'utiliser, pour comprendre cet « Orient compliqué », la boussole de la raison humaine.
Ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et directeur du journal en ligne Orient XXI, Alain Gresh est notamment l'auteur dans la collection « Pluriel » de L'Islam, la République et le monde (2014) et des 100 clés du Proche-Orient (2011), avec Dominique Vidal. -
Que s'est-il passé le 7 octobre 2023 ?
Un choc dans l'âme juive ? un pogrom sans précédent depuis la Shoah ? un ébranlement de la conscience universelle ? une étape dans la guerre mondiale menée contre les démocraties ?
Quel lien avec l'invasion de l'Ukraine ?
Quel sens donner à l'alliance, autour des terroristes du Hamas, de l'Iran, de la Turquie, de la Russie impérialiste, de la Chine, de l'islamisme sunnite ?
La riposte de Tsahal fut-elle « proportionnée »?
Que voulait dire Emmanuel Levinas quand il parlait de l'« exception juive » ? Et Romain Gary et Albert Cohen quand ils annonçaient à l'auteur le retour de « la plus vieille des haines » ?
La solitude d'Israël est-elle irrémédiable ?
Telles sont quelques-unes des questions posées dans cet essai de colère et de combat que nourrit un demi-siècle d'amour pour l'Etat des Juifs et de méditation sur son destin. -
Pensée et politique dans le monde arabe ; contextes historiques et problématiques, XIXe-XXIe siècle
Georges Corm
- La découverte
- Poche / Sciences humaines et sociales
- 3 Novembre 2016
- 9782707193797
Cet ouvrage expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, attestant la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l'ont traversée. Il montre que ses acteurs, loin d'être figés dans le carcan théologico-politique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l'islam, ont souvent exprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique.
Inscrivant l'oeuvre de ces penseurs dans le maelstrm des bouleversements géopolitiques et socioéconomiques ayant marqué le monde arabe depuis deux siècles, Georges Corm explique comment les puissances externes ont contribué à marginaliser la pensée critique arabe. Cela a facilité l'installation hégémonique de la pensée islamiste, instrumentalisée par certains régimes arabes comme par leurs protecteurs occidentaux. En retraçant finement les avatars successifs du nationalisme arabe moderniste, confronté à partir des années 1950 au double défi de la création de l'État d'Israë Un guide précieux pour se familiariser avec la complexité de la pensée arabe. -
À la suite du coup d'État avorté de l'été 2016, Recep Tayyip Erdogan a lancé une très vaste opération de purge des différents services de l'État - mais aussi de la société civile. Cette profonde reprise en main est l'aboutissement d'un long processus : depuis 2002, la Turquie est dirigée par l'AKP et par son leader charismatique. Ce pouvoir " musulman-démocrate " a profondément modifié le pays : urbanisation, croissance de l'économie, négociations avec l'UE, rôle majeur au Moyen-Orient, etc.
À la suite du coup d'État avorté de l'été 2016, Recep Tayyip Erdogan a lancé une très vaste opération de purge des différents services de l'État - mais aussi de la société civile. Cette reprise en main est l'aboutissement d'un long processus.
Depuis 2002, la Turquie est dirigée par l'AKP (Parti de la justice et du développement) et par son leader charismatique. Ce pouvoir " musulman-démocrate " a profondément modifié le pays mais le bilan de ce long règne est ambivalent. Les avancées sur le front de la démocratisation ont progressivement laissé place à un autoritarisme rampant et à une politique de réislamisation de la société. Les négociations avec l'Union européenne sont au point mort. Des pas courageux pour la résolution du problème kurde ont été remplacés par une nouvelle offensive répressive, qui s'est étendue à l'ensemble des revendications démocratiques et a révélé le visage autoritaire du pouvoir et sa volonté de mise en place d'un régime présidentiel fort, clairement revendiquée.
Dans cet essai documenté, Ahmet Insel nous éclaire sur les facteurs d'ascension de l'AKP, la stratégie politique et la persistance des succès électoraux d'Erdogan malgré les affaires de corruption, l'installation progressive de l'arbitraire et la lutte avec la communauté Gülen. Il montre ainsi les tourments de la société turque, tiraillée entre les conflits ethniques, religieux et culturels, entre peur de perdre son identité socio-historique et désir d'être dans le monde moderne.
Prix France Turquie 2015 -
Gouvernement transnational en Afghanistan ; une si prévisible défaite
Gilles Dorronsoro
- Karthala
- 4 Février 2021
- 9782811128142
La défaite des Taliban dans le sillage des attentats du 11 septembre ouvre deux décennies d'investissement occidental en Afghanistan. Des centaines de milliards, pour l'essentiel consacrés à l'entretien des forces occidentales, des dizaines de milliers de morts, dont plusieurs milliers de la coalition, montrent l'importance de ce conflit pour les Etats-Unis qui en font le symbole de leur hégémonie mondiale.
Mais, derrière les discours sur la construction d'une « démocratie de marché », se profile un gouvernement transnational qui contourne les acteurs afghans au point d'interdire tout processus démocratique, couvre des fraudes électorales massives, routinise la captation des ressources au profit des entreprises occidentales et des élites afghanes. Les tensions communautaires et sociales s'accroissent à un point jusque-là inconnu dans la société afghane. Les Taliban, capitalisant sur le ressentiment populaire contre les élites au pouvoir, mettent en échec une alliance occidentale qui dissimule, derrière une augmentation des moyens, son incapacité à définir une stratégie cohérente. Après vingt ans de conflit, al-Qaïda est toujours présent en Afghanistan, et le retrait américain ne fait qu'ouvrir une nouvelle période d'une guerre civile vieille de quarante ans.
Ce nouvel essai de Gilles Dorronsoro propose une analyse critique impitoyable des impasses de l'expertise orientaliste et sécurocrate dont la portée comparative, bien au-delà du seul cas afghan, est d'une haute actualité. -
Le prix de l'engagement politique dans la Tunisie autoritaire ; gauchistes et islamistes sous Bourguiba et Ben Ali (1957-2011)
Michael Ayari
- Karthala
- 19 Janvier 2017
- 9782811117603
Cet ouvrage permet de découvrir l'histoire des militants d'extrême gauche et islamistes tunisiens et leur combat politique de jeunesse notamment sur les campus universitaires. Il offre des clés de lecture historiques et sociologiques essentielles pour décrypter trajectoires et stratégies de cette génération, dont une bonne partie a accédé à des positions de premier plan depuis le départ de Ben Ali en 2011.
À partir de l'analyse des données biographiques de 250 activistes « gauchistes » et « islamistes », l'auteur montre quels sont les ressorts et les motivations de l'engagement politique dans un régime où le risque encouru s'avère en général plus important qu'en régime dit « démocratique ».
L'apport majeur de ce travail demeure la notion d' « origines socio-identitaires » (élite médinale, médinale, publicienne et extra-muros) qui permet de comprendre les logiques d'intérêts sous-tendant les conflits politiques au-delà des oppositions habituelles entre « classes sociales » ou « courants idéologiques » et de penser la diversité des destinées individuelles, notamment professionnelles, de manière plus complexe qu'uniquement à travers la notion d' « origine sociale ».
Ainsi, cet ouvrage montre en quoi les tensions sociales et politiques, qui jalonnent l'histoire de la Tunisie et qui sont toujours d'actualité en 2017, sont le reflet d'une lutte entre élites séparées par l'origine sociale et géographique, la maîtrise du bilinguisme des membres de leur parentèle et les traumatismes politiques et familiaux transmis durant l'enfance.
Au-delà de sa contribution à la sociologie dumilitantisme et des élites, l'auteurmet en évidence la fracture socio-identitaire qui trace les limites de la citoyenneté dans la Tunisie d'aujourd'hui et donne surtout des clés pour défier la persistance des mécanismes de répartition du pouvoir dans une Tunisie où l'exigence d'inclusion et de justice demeurent des ressorts puissants de contestation et de violence. -
L'Arabie Saoudite est au coeur des changements géopolitiques qui bouleversent la région. Une radiographie du royaume wahhabite d'aujourd'hui et de demain, aussi influente et puissante qu'ambivalente, par une journaliste spécialisée en diplomatie et stratégie.
Un pays en mutation... que l'Occident n'a jamais lâchéDes pilotes saoudiens de l'attentat du 11-Septembre 2001 à l'affaire Kashoggi, les alliés occidentaux de l'Arabie Saoudite auraient eu d'excellentes raisons de remettre en cause leur relation avec Riyad. Mais le royaume saoudien n'a jamais été lâché, car ses atouts stratégiques sont majeurs. Le royaume wahhabite est au coeur des changements géopolitiques qui bouleversent la région. Le repli" américain et le recul de la puissance occidentale ont favorisé l'affirmation de nouveaux États qui poussent leurs pions dans un Moyen-Orient en proie au chaos : Turquie, Iran, Russie... Mais l'Arabie fait la course en tête, devant la Turquie pour le leadership sur le monde sunnite, mais aussi devant l'Iran, dont Trump a fait son principal adversaire et dont le programme nucléaire militaire pourrait, à terme, devenir une menace pour Riyad.Allié géopolitique indispensable, l'Arabie Saoudite l'est aussi au plan économique. Elle exerce une influence déterminante sur les cours mondiaux du pétrole, achète des armes aux États-Unis et à l'Europe (notamment à la France) et investit ses fonds souverains partout dans le monde.Tel est le paradoxe : malgré son caractère autoritaire et répressif, l'Arabie Saoudite a beaucoup à offrir. Elle s'ouvre d'ailleurs peu à peu à la modernité sous la houlette de son prince réformateur, Mohammed ben Salmane. On voit ainsi fleurir cafés et salles de concerts dans les rues de Riyad ; les femmes connaissent un début de liberté et le rigorisme religieux est en perte de vitesse. Une ambivalence qui s'apprête à radicalement transformer la face du pays et ses relations au sein de l'échéquier international." -
La question sociale a effectué un retour en force au Maroc, dans les années 2000. Les acteurs ont eu tendance à l'exprimer en termes de revendications, que justifiaient les défaillances de l'État, et les chercheurs à la problématiser dans les canons de la sociologie de la mobilisation ou des politiques publiques. Mais la prise en compte de la pluralité des acteurs et de la diversité des dispositifs offre la possibilité d'une autre lecture qui remodèle les formes mêmes du social. Administrer des espaces, des catégories, des temporalités, des imaginaires ou des conflits revient à définir les liens sociaux, à façonner les appartenances, à faire jouer des médiations, à qualifier l'ordre établi.
Du port de Casablanca aux maisons de jeunes de quartiers populaires, des transports urbains au système de subvention de la farine et du pain, du courtage de l'emploi domestique à la patrimonialisation d'une région marginalisée, de la gestion des terres collectives à l'aide aux mères célibataires, cet ouvrage démontre l'importance du gouvernement indirect du social, dont l'équivoque facilite compromis et bricolages et renforce la capacité d'adaptation du politique aux transformations de l'époque.
S'inscrivant dans la continuité de deux titres précédents de la collection « Recherches internationales », consacrés à la privatisation des États à l'âge néolibéral et à l'État d'injustice au Maghreb, ces recherches inédites ouvrent de nouvelles perspectives à la sociologie historique du politique, bien au-delà du seul cas du Maroc.
L'ouvrage a été préparé dans le cadre d'un séminaire de recherche du CRESC (Rabat, Faculté de gouvernance, sciences économiques et sociales, Université Mohamed VI Polytechnique), de 2012 à 2015, par une équipe de jeunes chercheurs - Ahmed Bendella, Yasmine Berriane, Leila Bouasria, Irene Capelli, Redouane Garfaoui, Nadia Hachimi Alaoui, Badiha Nahhass, Valentine Schehl -, sous la direction de Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS (SciencesPo-CERI) et d'Irene Bono, maître de conférences à l'Université de Turin (Département Cultures, Politique, Société).
Cet ouvrage a été publié avec le concours du CRESC. -
Gouverner la mer en Algérie ; politique en eaux troubles
Tarik Dahou
- Karthala
- 10 Septembre 2018
- 9782811125394
La politique maritime en Algérie s'inscrit dans un faisceau de normes internationales, nationales et locales. Leur confrontation résulte des logiques de pouvoir qui déterminent l'accès aux espaces et aux ressources marines. En analysant l'évolution de ces droits d'accès sur le littoral du Parc national d'El Kala (Wilaya d'El Tarf), cet ouvrage restitue les hiérarchies sociales et politiques.
L'examen de la contrebande du corail et de la pêche révèle diverses historicités qui façonnent les politiques de conservation marine. Il éclaire la manière dont les acteurs maritimes et les corps de l'État s'approprient les normes libérales et environnementales et font évoluer les frontières entre gouvernement terrestre et maritime, entre public et privé, et enfin entre légal et illégal. L'analyse multiscalaire rend compte d'un gouvernement de la mer, qui évolue au gré des flux de ressources et de pouvoir, mais aussi des transactions quotidiennes entre État et société.
Cette démarche dévoile à quel point l'exercice du pouvoir politique en Algérie est tributaire de réseaux instables, transversaux aux normes, aux institutions, et aux espaces, qui atténuent sa cohérence. Malgré le caractère prétorien et l'assise pétrolière du régime, l'inscription de son autorité jusque dans les sphères micro-sociales perturbe sa légitimité. -
L'abondante littérature qui analyse les dérives populistes dans le monde laisse curieusement de côté Israël, où elles sont pourtant patentes. À plusieurs reprises au cours des douze dernières années, cette démocratie s'est trouvée au bord du gouffre.
Retraçant la trajectoire de la « seule démocratie du Proche-Orient », de sa naissance aux années Netanyahu, Samy Cohen montre combien elle est hybride, fragile et fragmentée. La société a éclaté en deux camps. L'un, attaché aux valeurs libérales, est prêt à des compromis avec les Palestiniens, quand l'autre, sensible aux sirènes nationalistes et religieuses, reste indifférent à l'État de droit.
Qui l'emportera ? C'est l'avenir de la démocratie israélienne qui est en jeu.
Samy Cohen, directeur de recherche émérite à Sciences Po (CERI), est l'auteur notamment de Tsahal à l'épreuve du terrorisme (Seuil, 2009, Prix du Grand livre 2009 des professeurs et maitres de conférences de Sciences po) et Israël et ses colombes. Enquête sur le camp de la paix (Gallimard, 2016). -
Alors que 2023 commémore le centenaire de la fondation de la République de Turquie, le géopoliticien Ardan Amir-Aslani analyse les enjeux et défis qui attendent la Turquie contemporaine, en retraçant ses évolutions de la révolution d'Atatürk jusqu'aux réformes autoritaires d'Erdogan.
Devenu Premier ministre en 2003, élu président en 2014, Recep Tayyip Erdoğan a dépassé la longévité au pouvoir d'Atatürk. Son projet civilisationnel n'a pas changé. Il s'est même crispé et tient en trois mots : califat, néo-ottomanisme, pantouranisme. Son parti, l'AKP, s'est ouvert à l'Europe tout en rejetant ses valeurs, pour se concentrer sur la redéfinition du nationalisme turc, en rupture avec le sécularisme kémaliste.
Le pari d'Erdoğan : devenir le " nouveau père " d'une nation phare de l'islam sunnite, reconnectée avec ses racines asiatiques et sa gloire impériale. Fût-ce au détriment des minorités kurde et arménienne, et au risque de fracturer une société partagée entre modernité et tradition, modes de vie occidental et oriental.
En dépit de l'agenda islamo-conservateur de ce président autoritaire qui se rêve sultan et de ses attaques contre le fait démocratique, la Turquie - urbaine, multiculturelle, ouverte à la mondialisation - demeure le pays le plus occidentalisé du monde musulman.
Sa diplomatie du chantage, son agressivité militaire dans son ancienne sphère d'influence, de la Libye au Caucase, auront-ils raison de la patience de ses alliés et de ses voisins ? Précarisés par une crise économique sans précédent, les Turcs oseront-ils rompre avec l'hégémonie d'un parti et d'une idéologie à court d'arguments et qui n'ont pas su améliorer leurs conditions de vie ?
Autant d'enjeux ici étudiés au regard de l'Histoire, des défis énergétiques et de la géopolitique d'une Turquie au bord de l'explosion, un siècle après la fondation de la République par Mustafa Kemal. -
Tunisie ; une démocratisation au-dessus de tout soupcon ?
Collectif
- CNRS Editions
- 6 Septembre 2018
- 9782271120908
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale...
Premières élections pluralistes, nouvelle constitution, multiplication des partis et des associations, montée des revendications des minorités sexuelles, régionales et religieuses, recomposition du personnel politico-administratif, explosion des conflits autour de la question sociale... Depuis 2011, la Tunisie vit en ébullition permanente, comme portée par la redécouverte du débat public, trop longtemps confisqué par un parti et un clan. Mais cette effervescence revendicative ne doit pas faire oublier que le pays a toujours été animé par une quête de démocratie.
Ce livre, en replaçant les événements de 2011 dans le temps long, cherche à dépasser les représentations binaires dictature/démocratie, autoritarisme/pluralisme. Il s'attache à rendre compte des mutations culturelles, sociales et politiques, à décortiquer la part d'inédit et de créativité de la période post-Ben Ali et analyse comment elle s'accommode des structures héritées.
En une vingtaine de contributions originales (analyses historiques, enquêtes de terrain, entretiens avec les acteurs), ce livre dresse un portrait à la fois sociologique et politique de la Tunisie d'aujourd'hui. -
Le miroir de Damas ; Syrie, notre histoire
Jean-Pierre Filiu
- La découverte
- 2 Mars 2017
- 9782707195807
Si éloignée en apparence, la Syrie n'émeut que lorsque les conséquences du conflit viennent endeuiller nos contrées. Si proche pourtant, elle est le véritable centre géographique de notre histoire et ils sont nombreux ceux ayant arpenté le " chemin de Damas " pour élaborer ce que nous peinons souvent à voir comme un héritage commun. Aveuglement volontaire ou non, il est désormais impossible de détourner les yeux du reflet que nous renvoie Damas. C'est notre avenir qui s'y joue.
Notre monde a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable. Et cette horreur ne semble nous toucher que par ses " effets collatéraux ", les attaques terroristes menées sur notre sol.
Pour qu'une telle indifférence soit devenue possible, il a fallu occulter tout ce qui dans l'histoire de la Syrie résonne dans notre propre mémoire. Il n'en est que plus urgent de renouer le lien avec la part de l'histoire universelle qui s'est déroulée là-bas. Qu'on le veuille ou non, Damas nous tend aujourd'hui son miroir.
Dans ce livre alerte, inspiré, Jean-Pierre Filiu revisite en Syrie un passé aussi intimement mêlé au nôtre. Il évoque des figures que l'on croit familières, saint Paul, Saladin ou Abdelkader, et nous en fait découvrir bien d'autres, du " chemin de Damas " à l'" Orient compliqué ".
La descente aux enfers de la Syrie, de ses femmes et de ses hommes, n'est ni une affaire d'Arabes, ni le solde de querelles immémoriales. Elle est épouvantablement moderne, car les bourreaux de ce temps, qu'ils soient jihadistes ou pro-Assad, n'invoquent un glorieux passé qu'à l'aune de leur projet totalitaire.
Nous avons tous en nous une part de Syrie. Dans le miroir de Damas, nous comprenons mieux ce que notre monde est en train de devenir. -
Vers la fin du contrat social en Syrie ; associations de bienfaisance et redéploiement de l'état (2000-2011)
Laura Ruiz de elvira
- Karthala
- 26 Juillet 2019
- 9782811126599
Depuis le déclenchement du processus révolutionnaire en Syrie, en mars 2011, de nombreuses analyses ont été publiées sur le mouvement protestataire, l'État islamique ou encore le régime de Bachar al-Assad. En revanche, la décennie précédant le soulèvement a été peu traitée. Or, on ne saurait comprendre la crise actuelle sans connaître les transformations sociales et politiques subies par le pays durant cette période.
Cet ouvrage est fondé sur un travail de terrain mené entre 2007 et 2010 dans des conditions d'enquête difficiles en raison de la surveillance, du contrôle social et de la censure imposés alors par le système autoritaire ba`thiste. En étudiant l'inscription des associations de bienfaisance dans le paysage sociopolitique syrien des années 2000, il interroge la redéfinition du rôle de l'État et l'ingénierie politique du régime sous Bachar al-Assad. Ce faisant il ne révèle pas seulement les pratiques de la bienfaisance et du monde associatif, il met aussi en lumière les relations État/société dans les contextes autoritaires, la conception de l'action publique dans les pays du Proche-Orient, ainsi que le binôme société civile/autoritarisme souvent dépeint à tort comme antagonique. Rompant avec les approches purement événementielles et spontanéistes, ce livre a pour ambition d'apporter un éclairage original sur la Syrie d'avant-guerre. -
Proche-orient : la guerre des mots
Bruno Guigue
- Editions L'Harmattan
- Comprendre le Moyen-Orient
- 9 Octobre 2015
- 9782296318953
Il n'y a pas de solution militaire au conflit du Proche-orient. Son destin se joue auprès de l'opinion publique internationale. Convoquée à témoin par des médias omniprésents, c'est d'elle que dépend l'issue finale de la crise israélo-palestinienne. La guerre des mots que se livrent les commentateurs n'est que le reflet de la guerre tout court que se livrent les belligérants. Commentant les événements qui endeuillent le Proche-Orient depuis septembre 2000, l'auteur montre comment cette guerre sémantique contre la revendication palestinienne contribue à l'aggravation de la crise en occultant la seule issue possible: l'échange de la paix contre les territoires.
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élections et territoires en Tunisie ; enseignements des scrutins post-revolution (2011-2014)
Collectif
- Karthala
- 7 Avril 2016
- 9782811116569
Pionnière des « soulèvements arabes », la Tunisie est aujourd'hui le seul pays à poursuivre l'« expérience de démocratisation politique » entamée suite à la « révolution » de l'hiver 2010-2011. Les élections libres et concurrentielles de 2011 et de 2014 constituent un fait marquant de ce processus de changement.
Proposant une lecture inédite de ces élections, de leurs enjeux et de leurs résultats, les auteurs de ce livre poursuivent une double ambition : proposer un ouvrage de référence sur les scrutins post-révolution et présenter une analyse des dynamiques sociales et politiques de la Tunisie contemporaine.
L'originalité des analyses développées dans cet ouvrage est qu'elles mobilisent une approche interdisciplinaire, combinant, sociologie, géographie et science politique, et qu'elles s'appuient sur un riche matériau empirique permettant de contextualiser les comportements électoraux et cernant les clivages politiques et les fractures socio-territoriales au sein de la société tunisienne.
Un autre apport important de cet ouvrage est de montrer qu'en faisant émerger la figure de l'électeur, les transformations politico-institutionnelles ouvertes par les « soulèvements arabes » suscitent non seulement un regain d'intérêt pour l'analyse des comportements électoraux, mais contribuent aussi à renouveler les questionnements et les analyses relatives aux processus électoraux dans les pays de la région.
Alia Gana est sociologue, directrice de recherche au CNRS en affectation à l'IRMC, Tunis (USR 3077) et membre du LabEx DynamiTe.
Gilles Van Hamme est professeur de géographie politique et économique à l'Université Libre de Bruxelles.
Ont contribué à cet ouvrage : Néji ARGOUBI, Asma BAKLOUTI, Aymen BELHADJ, Maher BEN REBAH, Irène CARPENTIER, Alia GANA, Samiha HAMDI, Déborah PEREZ, Fathi REKIK, Gilles VAN HAMME,
Sami Yassine TURKI. -
Etats et sociétés au Moyen-orient et en Afrique du nord : Révolutions, conflits, territoires
Taha
- Editions L'Harmattan
- 28 Mars 2024
- 9782140497469
Les transformations sociopolitiques auxquelles sont confrontés les États et les sociétés du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord aujourd'hui résultent des bouleversements provoqués par les soulèvements populaires déclenchés en Tunisie, il y a plus de dix ans maintenant.
Ces soulèvements ne sont pas parvenus à renverser l'ordre arabe ancien. L'autoritarisme de certains régimes s'est même vu renforcé et consolidé.
Cependant, la question de fond est d'analyser l'émergence et le développement de ces mouvements révolutionnaires pour mieux comprendre leurs enjeux actuels (dynamiques identitaires, communautaires ou territoriales, usures idéologiques, crise de l'État, place des femmes, rôles de l'armée et des acteurs sociaux, poids du religieux...). -
Dix ans se sont écoulés depuis la révolution tunisienne de 2011 et la fuite de Ben Ali. Au terme de cette décennie de transition démocratique, la Tunisie reste un phare pour l'ensemble du monde arabe. Toutefois, en l'an X de cette révolution, le pays est au bord de la faillite financière et sociale. Bien des ingrédients sont d'ores et déjà réunis pour que le pays bascule à nouveau dans une confrontation sociale et politique majeure. Après avoir été envoyé spécial du Monde diplomatique en Tunisie pendant la révolution (janvier 2011), Olivier Piot est régulièrement retourné en Tunisie depuis dix ans et y a suivi le processus post-révolutionnaire. Il livre dans cet ouvrage son analyse et donne la parole à six grands témoins et acteurs de la révolution tunisienne.
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Vivre la révolution égyptienne à distance
Celia Lamblin
- Editions L'Harmattan
- 29 Novembre 2021
- 9782336947662
Lors du processus révolutionnaire de 2011, les Égyptiens vivant en France, installés à Bordeaux, Marseille, Paris ou Toulouse, ont fait éclater les identifications qui leur étaient assignées et fait évoluer leurs projets migratoires, familiaux et professionnels. À partir d'une approche sociologique des migrations égyptiennes en France, cet ouvrage a pour ambition de saisir la manière dont un événement d'envergure nationale influence plus ou moins durablement les trajectoires individuelles de ceux qui n'en ont pas été directement témoins. L'auteur propose d'analyser les dynamiques migratoires au regard de quelques grands thèmes de la sociologie politique : la participation électorale à distance, l'action collective et l'engagement associatif.
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Turquie
Robert Anciaux
- De Boeck Supérieur
- Monde arabe - Monde musulman
- 1 Décembre 2017
- 9782807315266
Histoire, société, politique, économie, religion et culture... L'ouvrage clé pour comprendre l'actualité de la TURQUIE.
Mosaïque ethnique, culturelle et religieuse issue en 1923 du dépeçage de l'Empire ottoman, la République de Turquie d'Atatürk se voulait un État national, unitaire, homogène et laïque, capable de rivaliser avec les grands États européens.
Passé au multipartisme dès 1946 et secoué par quatre coups d'État entre 1960 et 1997, le pays devient une puissance régionale et un allié stratégique des démocraties occidentales.
Toutefois, avec une croissance en baisse depuis quelques années, la Turquie souffre d'un taux de chômage élevé, d'une diminution des investissements et connaît une dégradation des conditions sociales.
Au coeur des grands conflits régionaux du moment et face aux tensions avec l'Europe et les États-Unis, la Turquie doit se positionner sur la question des migrants, du terrorisme ou encore du conflit kurde au moment où les dérives autocratiques du président Erdogan et sa volonté d'instaurer un régime présidentiel fort menacent la démocratie et les libertés publiques. -
A l'avant d'un taxi rouge casablancais, à la fenêtre d'un compartiment de train en direction d'Oujda, ou sur le bord d'une route de Marrakech, une jeune Franco-Marocaine dialogue avec des passagers et des conducteurs. Venue au Maroc dans le cadre de ses études, elle redécouvre avec ces inconnus le pays de ses parents. De ces rencontres de quelques minutes ou de plusieurs heures, émergent des questionnements, des révoltes et des espoirs pour de meilleurs lendemains. Démocratie, éducation, santé, colonisation, l'Afrique, l'Europe. Le chauffeur de taxi tout comme le passager sont loquaces et nous livrent une vision du Maroc inattendue.