Poème est action de poésie et ce qui se marque sur horizon, ou sur le proche, le toucher, et le non visible touché au fond, le goût même dans la douleur, et son histoire, il est marqué de temps et instantané, il demande à ce qui écoute, il est cette histoire même.
Jean Pierre Faye Munich, 1960. Dans une chambre d'hôtel-pension, un Français, V. Dans la chambre à côté, une jeune fille, Hal, qu'entourent des nationalistes du Moyen-Orient. Quelque part dans la ville, Mérie, qui fut un instant la fiancée de V. Quelque part en France, El., la femme de V., et qui le croit à la recherche de Mérie. Derrière une fenêtre rouge (rouge comme la "Main"), surplombant la chambre de V. qu'ils ne cessent de surveiller, un Corse au teint olivâtre et son compagnon, vêtu en paysan bavarois. Le réseau est ainsi mis en place des forces qui vont jouer, tourner, se resserrer autour de V. D'un livre à l'autre, Jean Pierre Faye suit le même fil : il perçoit comme un effet de résonance entre une société déchirée et un héros désintégré. Entre les rues était l'Amérique du maccarthysme ; la Cassure, le Paris du 13 mai ; Battement est l'Allemagne de la "Main rouge". Verdier vivait étrangement dans une absence éparpillée, portant la blessure indolore de la lobotomie ; Guiza, à chaque instant, écartait l'imminence d'un vide ; pour V., la frontière de la douleur (visible même du dehors) vient traverser avec exactitude chaque journée. Ainsi la géographie des villes est-elle doublée par une autre topographie. Ou plutôt : toutes deux coïncident, et cette coïncidence est le piège où vient s'abîmer l'action. Et ce n'est point artifice si, au terme de cette trilogie, les pages écrites à la troisième personne et au présent alternent avec les pages écrites à la première personne et au passé : il y a "battement" entre le jeu des présences qui pèsent sur le héros et l'éloignement de leur reflet dans sa conscience.
Voici un livre qui se développe, dirait-on, à partir de trois récits préalables et distincts, qui ont déjà eu lieu (et qui sont aussi, en effet, les trois romans jusque-là écrits par l'auteur : Entre les rues, La Cassure, Battement). Mais il n'est nul besoin de les connaître puisque, à leur intersection, ils vont à nouveau commencer dans une sorte de récit par surcroît. Ce quatrième point de vue, qui n'est autre que leur produit, et comme leur table de multiplication - ou leur table d'orientation, si l'on aime mieux - est le témoin de relations déjà présentes mais inaperçues entre des personnages que le lecteur est libre de reconnaître : Verdier, Simon et Vanini, ou Mona, El et Guiza. Relations impliquées, mais masquées - par les omissions de toute prise de vue. Gravitant autour de ce réseau de récits à l'état naissant, on peut donc dire qu'une sorte de satellite, capable de percevoir, vient tout à coup multiplier les vues. Et découvrir en même temps que son objet n'est pas ce visible, mais l'action presque simultanée du proche et du lointain - les analogies qui ouvrent et ferment de l'intérieur un espace romanesque évident dans ses superpositions rapides.
Le lecteur sera, ici, dans la situation même du porteur de Narration : il aborde un espace qui est tendu, à distance, par l'entrecroisement d'autres récits. Agissant par leur absence à chaque moment. La Cité est encerclée par l'étendue - l'histoire - qui assiège les villes du monde. Sur ce fond, celui qui parle tire avec lui un arbre sans fin de narrations muettes, d'écritures perdues. Reflétées et répercutées entre trois noms de femme, entre deux corps féminins. Jusqu'à la grande vague suspendue : montée insurrectionnelle. Et, dans cet espace de guerre, jusqu'au point de mort. Entre les Troyens et cinq autres livres se dessine un hexagramme mouvant : réseau de récits que l'on peut aborder par n'importe quelle entrée - qui peut se lire « littéralement et dans tous les sens ». Et la ville des Troyens est ce lieu ironique de la « tissure ».
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Le lecteur sera, ici, dans la situation même du porteur de Narration : il aborde un espace qui est tendu, à distance, par l'entrecroisement d'autres récits. Agissant par leur absence à chaque moment. La Cité est encerclée par l'étendue - l'histoire - qui assiège les villes du monde. Sur ce fond, celui qui parle tire avec lui un arbre sans fin de narrations muettes, d'écritures perdues. Reflétées et répercutées entre trois noms de femme, entre deux corps féminins. Jusqu'à la grande vague suspendue : montée insurrectionnelle. Et, dans cet espace de guerre, jusqu'au point de mort. Entre les Troyens et cinq autres livres se dessine un hexagramme mouvant : réseau de récits que l'on peut aborder par n'importe quelle entrée - qui peut se lire « littéralement et dans tous les sens ». Et la ville des Troyens est ce lieu ironique de la « tissure ».
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Un messager, comparable de façon dérisoire aux "représentants en mission" durant la Révolution française, arrive du Centre dans la Cité des ouvrières. Celle même - qu'elle se nomme Troie ou Troyes - des tout premiers récits. Il est porteur de message pour elles, en ce lieu crucial dans la révolte des villes du monde, qui se propage de corps en corps, de femme en femme, de figure en figure : ellipse ou ovale. L'ovale est le détail qui manque pour décrire l'enfer des versions en lutte. De son lieu, est émis le récit d'un rêve, perturbation capable de produire la fission des récits. C'est dans le corps le lieu caché désirant.
Un messager, comparable de façon dérisoire aux "représentants en mission" durant la Révolution française, arrive du Centre dans la Cité des ouvrières. Celle même - qu'elle se nomme Troie ou Troyes - des tout premiers récits. Il est porteur de message pour elles, en ce lieu crucial dans la révolte des villes du monde, qui se propage de corps en corps, de femme en femme, de figure en figure : ellipse ou ovale. L'ovale est le détail qui manque pour décrire l'enfer des versions en lutte. De son lieu, est émis le récit d'un rêve, perturbation capable de produire la fission des récits. C'est dans le corps le lieu caché désirant.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Bon nombre de philosophes parmi les plus sérieux ont ressenti "une certaine gêne" devant la lecture de la quatrième partie de Zarathustra. Jean-Pierre Faye en présente, dans ce recueil, une version abrégée et augmentée, il y perçoit l'accomplissement de ce qui a parcouru l'oeuvre Nietzschéenne: le souhait d'écrire le théâtre. Les fragments d'un Empédocle ou d'un dialogue entre Dionysos et Ariane viennent l'attester.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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La Grande Nap est un astre. Mais c'est un astre en feu qui émet une radiation dangereuse. Entre Narr, le fou, et Narey, l'Orientale qui se nomme plus simplement Ligne, le feu intense d'une disparition fait virer au rouge tous les écrans.
Le rapport entre Heidegger et le nazisme a été souvent traité. Mais la relation qui implique sa philosophie reste étrangement négligée. On omet l'essentiel : son effort pour intervenir de l'intérieur du national-socialisme. La « guerre des recteurs » en 1934 commence comme un meurtre policier. Mais elle débouche sur la « seconde philosophie » de Heidegger : criminaliser comme « nihilisme », à la façon nazie, la philosophie entière depuis les Grecs. Telle est la « déconstruction », terme fatal du Heidegger d'après-guerre, glorifiant la Mobilisation totale de Jünger. Heidegger maintient ses vues les plus fanatiques, au prix d'un retournement de définitions trop habile. Démonter ce piège, c'est ouvrir une voie inexplorée entre narration et philosophie : dans leur interaction. Il faut, avec Hölderlin, déchirer le piège.
Je commence un pays qui est sans contour/et qui est sans limite ni description/et n'admet ni parenté ni cause/simplement tendu sur la relation.
Ce travail poétique est mis au service d'un engagement social : dire et réagir sur la guerre en ex-Yougoslavie, et, à travers elle, sur toutes les guerres.
Une trame unique se brise, de suite en suite, avançant vers l'événement/ La violence de l'éclipse / Mais rites, lieux, navigations se multiplient et se transforment / Ils débordent cette tranchée du vrai, que creuse au désert le souf vers la syrte / Or le langage, / -que dessinera-t-il, en écriture des poètes sans-continents ?
Un petit groupe de touristes, quelque peu "altermondialistes", part visiter les ruines du Mausolée, à Halicarnasse. Ils y découvrent un message de mesure et de philosophie de la nature. Nos "pèlerins" sont ressaisis par les interrogations essentielles de l'Humanité : existe-t-il une Harmonie que nous enseignerait la Nature ? La critique des religions dispense-t-elle de chercher un sens mystique à cet étrange phénomène que nous appelons l'Univers ? Un autre monde est-il possible si les peuples ne s'accordent pas d'abord sur la dimension spirituelle de l'aventure humaine.
Les pages de ce livre dansent tout en provoquant au-delà même de leur élégance un nouveau sens de la gravité. Les mots sont alors entraînés vers leur essence autant saisonnière qu'immatérielle. Le dialogue est subtil mais généreux de mouvement et de clin d'oeil.