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Un élève officier de l’armée austro-hongroise, aspirant écrivain, adresse ses tentatives poétiques à Rainer Maria Rilke et sollicite son avis. De 1903 à 1908, en quelque dix lettres, le jeune homme, alors à la croisée des chemins, hésitant entre la voie toute tracée de la carrière militaire et la solitude aventureuse de la vie d’écrivain, confie à son aîné admiré ses doutes, ses souffrances, ses émois sentimentaux, ses interrogations sur l’amour et la sexualité, sa difficulté de créer et d’exister. Le poète lui répond. Une correspondance s’engage. Refusant d’emblée le rôle de critique, Rilke ne dira rien sur ses vers, mais il exposera ce qu’implique pour lui le fait d’écrire, de vivre en poète et de vivre tout court.
Publié pour la première fois dans son intégralité, cet échange intime ne permet pas seulement de découvrir enfin le contrechamp de lettres qui furent le bréviaire de générations entières, il donne au texte de Rilke une puissance et une portée nouvelles, et invite à repenser la radicalité de son engagement esthétique, mais aussi la modernité frappante de sa vision de la femme.
Édition établie par Erich Unglaub. -
La fin des années 1970 est difficile pour Leonard Cohen. Deuil de sa mère, séparation d’avec la mère de ses enfants, approche de la cinquantaine. Il opère alors un retour au judaïsme et explore sa relation à l’Éternel, tout en se méfiant de toute religion qui prétendrait à l’exclusivité.
L’écriture des psaumes l’amène à « renoncer à sa petite volonté » pour entrer dans un dessein plus grand, beaucoup plus grand, qui permet une réunification de l’être en réparant ce qui a été brisé. Il se sauve ainsi du désespoir, et souhaite que ses psaumes en fassent autant pour ses lecteurs.
Les psaumes contemporains de Book of Mercy (Livre de la Miséricorde) chantent la plainte humaine et passionnée d’un homme à son Créateur. Ancrés au cœur du monde moderne, ces poèmes résonnent avec une tradition de dévotion plus ancienne, biblique notamment.
Édition, avant-propos et traduction de l’anglais (Canada) par Alexandra Pleshoyano. -
Un ballet de lépreux : Un roman et des nouvelles
Léonard Cohen
- Seuil
- Fiction et Cie
- 9 Février 2024
- 9782021532517
Un homme habite seul une pension à Montréal où son amie Marylin vient régulièrement dans sa chambre exiguë lui faire l’amour et déclamer des poèmes. À la suite de l’appel téléphonique d’un inconnu, il est amené à accueillir son grand-père arrivé de New York, qu’il ne connaissait pas, mais dont la ressemblance avec son père est indéniable. Le vieil homme, à l’accent épais, se montre facétieux, caractériel, malpoli, agressif, imprévisible. Il entame une histoire débridée avec la logeuse de la pension. Mais le narrateur éprouve immédiatement un véritable attachement pour lui. Dans le même temps, il promet le mariage à Marylin puis, avec cruauté, se dédie.
Retourné chercher à la gare la valise égarée de son grand-père, notre héros surprend l’employé du service des réclamations, au visage difforme, en délicate posture ; il va alors harceler cet individu, et l’humilier en devenant, par pure perversité, l’amant de sa femme. Et tout à coup, une question l’assaille : l’homme venu bousculer sa vie est-il vraiment son grand-père ?
En dix-sept chapitres denses, Leonard Cohen réussit un bref roman en forme de fable kafkaïenne, dans un décor qui fait penser à certains romans de Bernard Malamud ou de Saul Bellow. C’est en fait surtout une voix singulière, qui a déjà tout pour s’imposer. Un bonheur de lecture, tout comme les nouvelles qui accompagnent cette édition posthume et bénie.
Traduit de l’anglais (Canada) par Nicolas Richard -
« L’un des plus grands livres du siècle. » The Irish Times
Une femme, mère au foyer, vit l’essentiel du quotidien dans sa cuisine. L’âge est venu, elle a surmonté un cancer, et dans sa tête elle rumine le monde, ses folies, ses dangers, les fusillades dans les écoles, la crise économique qui fait toujours payer les mêmes, la pauvreté, l’angoisse du lendemain, les équilibres plus que précaires, sa mère décédée d’une longue maladie. Ça se passe dans l’Ohio. Et ça nous parle, au plus profond, de tout, partout. Cette femme pense aux diverses tâches domestiques qui l’attendent, nécessaires à faire tourner le ménage. Elle s’indigne, contre Trump, ce président terrifiant, ou face au dérèglement de la planète, mais aussi contre la domination patriarcale, l’asservissement des femmes ou l’extermination des Amérindiens. Tout cela roule dans sa tête. Et c’est parti pour une formidable aventure narrative, en une coulée pleine de rebondissements, scandée par une formule litanique – « le fait que » – qui vous emporte dans une apnée littéraire exceptionnelle.
Dans ce livre finaliste du Booker Prize et salué par une presse dithyrambique, Lucy Ellmann réussit le miracle de nous faire toucher à l’universel par le biais du plus intime et du plus infime. Par son humour corrosif, elle mène une charge impitoyable contre l’Amérique et le monde d’aujourd’hui, et dresse un admirable portrait de femme – de toutes les femmes.
Traduit de l'anglais par Claro
Lucy Ellmann est née à Evanston, dans l’Illinois. Lauréate du Guardian Fiction Prize en 1988 pour son premier roman, Sweet Desserts, elle consacre depuis sa vie à l’écriture. Un seul de ses livres a paru à ce jour en France : Petits Désastres de la vie ordinaire (Seuil, 1995). Les Lionnes est son huitième roman. Lucy Ellmann vit aujourd’hui à Édimbourg. -
L’incroyable récit de vie de Barbara Chase-Riboud, célèbre artiste et autrice américaine, sur plus de trois décennies à travers les lettres intimes et détaillées adressées à sa mère entre 1957 et 1991.
À peine âgée de 18 ans, Barbara quitte le giron familial et débarque à Paris, s’en va à Rome, revient en France, puis c’est Londres, de nouveau Paris où elle rencontre Marc Riboud le célèbre photographe. Les dés sont lancés, ils ne s’arrêteront plus de rouler au fil des rencontres, des créations, des succès, des honneurs, des amours, des défis. Commence alors une vie de voyages (Afrique, Chine, Mongolie, Union soviétique, Europe), de rencontres (Joséphine Baker, Pierre Cardin, Mao Tsé-toung), de fréquentation d’artistes (de Cartier-Bresson à Calder en passant par Salvador Dalí). Les portes du grand monde s’ouvrent, elle y brille mais n’oublie pas les exclus, les brimés, ceux dont la couleur est un fatal destin. Elle se bat.
Elle ne tarde pas à mettre à ses pieds le monde de l’art contemporain, et bientôt à conquérir le public littéraire à travers plusieurs best-sellers qui ont réveillé les consciences, dont La Virginienne, succès mondial (dont la première éditrice n’est autre que Jackie Kennedy-Onassis). Ses romans sont des cris, et ses sculptures figurent dans les collections du monde entier, certaines trônent dans l’espace public.
J’ai toujours su est une autobiographie sous forme de lettres, qui retrace une vie trépidante, entre Amérique et France, et à travers la planète. Un formidable récit d’émancipation et d’affirmation de soi, en toutes circonstances.
Née en 1939 à Philadelphie, Barbara Chase-Riboud est romancière, plasticienne et sculptrice. Elle vit à Paris, avec des résidences à New York et Rome. Célébrée, adulée durant une vie de combats, elle revient sur le devant de la scène, avec ce livre et avec des expositions et hommages organisés autour d’elle en 2024. -
Le dernier penalty ; histoire de football et de guerre
Gigi Riva
- Seuil
- Fiction et Cie
- 12 Mai 2016
- 9782021240146
Que se serait-il passé, si Faruk Hadzibegic, Bosniaque de Sarajevo, n'avait pas raté son pénalty, le cinquième et fatidique tir au but, face à l'Argentine de Maradona, en quart de finale de la Coupe du monde de football, le 30 juin 1990, dans le stade de Florence ? Le destin de l'équipe nationale de Yougoslavie, dernière du nom, en aurait-il été durablement changé ? Rien n'est moins sûr. Car les lézardes étaient déjà nombreuses et profondes dans la façade de l'unité fédérale socialiste édifiée et longtemps préservée par Tito, mort dix ans auparavant. Les gradins des stades étaient, depuis plusieurs mois, chauffés à blanc par les meneurs des extrémismes identitaires, serbes ou croates. Et bientôt, les supporters des virages allaient devenir les miliciens d'une guerre fratricide où l'Europe, impuissante et figée, aura perdu une partie de son âme.
Par son enquête et son rapport détaillé des faits et des circonstances, Gigi Riva permet de réveiller une page cruciale de l'Histoire récente, où le ballon rond agit comme un révélateur des forces obscures en jeu.
Gigi Riva, homonyme d'un des plus grands attaquants de l'histoire du football italien, est rédacteur en chef de l'hebdomadaire L'Espresso en Italie. Correspondant de guerre dans les Balkans dans les années 1990, il fut aussi un gardien de but très prometteur, finaliste de la coupe d'Italie des jeunes avec l'Atalanta de Bergame, avant de se tourner vers le basket. Il est l'auteur de J'accuse l'ONU, paru chez Calmann-Lévy en 1995.
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1786, à Philadelphie. En visite chez sa sœur, le. Révérend Cherrycoke entreprend de raconter à ses neveux les aventures de deux astronomes anglais, Charles Mason et Jeremiah Dixon qui, vingt-cinq ans plus tôt, avaient été chargés par la Royal Society d'observer, au Cap, le passage de Vénus, avant de se retrouver embarqués, à partir de 1763, dans une incroyable odyssée au cœur de l'Amérique du Nord, où ils ont pour mission de tracer d'est en ouest une ligne absolument rectiligne de huit mètres de large, qui devra séparer le Maryland et la Pennsylvanie, et ce à la demande de Lord Baltimore et de Thomas Penn, les héritiers respectifs de ces deux provinces.
Les deux compères - le mélancolique Mason et le sanguin Dixon, le veuf inconsolable et le coureur de jupons - ne savent pas, bien sûr, que cette ligne portera un jour leurs noms et symbolisera plus tard la funeste frontière entre les Etats de l'Union et le Sud pro-esclavagiste.
Epiés par des conspirateurs de tous bords, surveillés par les Indiens ou traqués par l'énigmatique jésuite Zarpazo - le "loup de jésus" ! -, Mason et Dixon vont fréquenter aussi bien George Washington, Benjamin Franklin et Samuel Johnson qu'un homme-castor, un Chinois féru de feng shui, un canard mécanique amoureux d'un cuisinier français, un golem des bois et quelques bizarres croisés...
Thomas Pynchon signe là une véritable épopée drôlatique, tourmentée et prodigieusement inventive, truffée de majuscules en hommage à la littérature anglaise du XVIIIe siècle et baignée par cette étrange brume érotique qui envahit le ciel quand Vénus l'éclaire de sa lueur.
Mason & Dixon a été salué à sa sortie comme l'un des sommets du roman contemporain.
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Dans cet ensemble de textes féministes au vitriol, les cibles principales sont le patriarcat et l’Amérique la plus réactionnaire. En quatorze chapitres, dans l’esprit de Virginia Woolf mais avec l’humour décapant d’un Jerome K. Jerome, Lucy Ellmann s’insurge, s’énerve, se défoule. Qu’il s’agisse des méfaits perpétrés par « ce gros nul » de Trump, du bilan désastreux de la domination masculine, du partage des tâches domestiques, d’un film de Hitchcock, ou de la tyrannie du soutien-gorge, elle n’a pas son pareil pour brosser un tableau à la fois pertinent et chaotique du monde tel qu’il ne va pas, tout en proposant quelques solutions qui en dérangeront plus d’un et en feront rêver plus d’une : organiser une grève du sexe, passer La Petite Maison dans la prairie au tamis féministe, etc. Ellmann sait toucher où ça fait mal tout en maniant l’arme rebelle par excellence : le rire.
Tout ce dont nous avons besoin pour nous guider à travers ces temps agités et incertains. -
Avec ce roman planétaire et foisonnant qui débute par l'Exposition universelle de Chicago, en 1893, pour s'achever au lendemain de la Première Guerre mondiale, à Paris, Pynchon réussit son œuvre la plus ambitieuse et la plus émouvante. S'attachant à dépeindre aussi bien les luttes anarchistes dans l'Ouest américain que la Venise du tournant du siècle, les enjeux ferroviaires d'une Europe sur le point de basculer dans un conflit généralisé, les mystères de l'Orient mythique ou les frasques de la révolution mexicaine, l'auteur déploie une galerie de personnages de roman-feuilleton en perpétuelle expansion – jeunes aéronautes, espions fourbes, savants fous, prestidigitateurs, amateurs de drogue, etc. –, tous embringués dans des mésaventures dignes des Marx Brothers.
Au cœur du livre, la famille Traverse : Webb, mineur et as de la dynamite, exécuté sur ordre du ploutocrate Scarsdale Vibe ; ses enfants, tous hantés par la mort de leur père, certains bien décidés à le venger, d'autres déjà avalés par les contradictions du siècle naissant. Et gravitant autour d'eux, tels des astres égarés, quelques figures hautes en couleur, qui toutes ont un compte à régler avec le pouvoir. Veillant sur ce " petit monde ", quelque part dans les airs : les Casse-Cou, bande de joyeux aéronautes qui, avec le lecteur, suivent non sans inquiétude la lente montée des périls.
Empruntant avec jubilation à tous les genres – fantastique, espionnage, aventure, western, gaudriole –, rythmé par des incursions dans des temps et des mondes parallèles, écrit dans une langue tour à tour drolatique et poignante, savante et gourmande, Contre-jour s'impose comme une épopée toute tendue vers la grâce.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claro
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Mathea Martinsen, une veuve âgée de " presque cent ans", vit seule dans un petit appartement à Haugerud, une banlieue calme d'Oslo. Depuis le décès de son mari, Epsilon, elle sent l'approche de sa propre mort, et sa pente la vouerait facilement à l'effacement, au repli ou à la transparence, mais elle décide de surmonter sa phobie sociale afin de laisser quelques traces dans ce monde. Ses efforts de socialisation sont héroïques, drôles, et souvent ratés. Sa meilleure compagnie demeure en fin de compte les fantômes qui l'habitent, en particulier celle d'Epsilon, avec qui elle maintient un dialogue presque permanent, pour une belle histoire d'amour qui ne s'éteint pas.
Un roman écrit à la première personne, où souvenirs et impressions se confondent dans un présent décloisonné et hanté par le passé, pour offrir le récit drôle et poignant de la vieillesse approchant de son terme.
Kjersti Annesdatter Skomsvold est née en 1979 à Lutvann (Oslo). Jo fortere jeg går, jo mindre er jeg, publié en 2009 aux éditions Oktober, est son premier roman. Il a reçu le Prix Débutant Tarjei Vesaas en 2009, et s'est vu traduire dans une dizaine de langues.
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud