Cet ouvrage s'interroge sur la pertinence des politiques de la mémoire engagées dans la pacification de la société congolaise postconflictuelle. Du fait pourtant de l'absence d'un système judiciaire indépendant et d'un Etat en position de tiers, les politiques de la mémoire initiées dans la résolution des crises congolaises tendent plutôt à légitimer un régime politique autoritaire au lieu de promouvoir la réconciliation.
Cet essai s'attache à préciser la nature de la notion de politique de la mémoire, utilisée dans des contextes si divers, et à étudier quelques expériences initiées en Europe, en Afrique et en Amérique. Dans cette optique, l'analyse porte sur les dispositifs mémoriels de pacification en situation postconflictuelle : la justice pénale, les commisions "Vérité" et les mécanismes traditionnels "actualisés" de sortie des crises.
Après les années fastes, de la Révolution tranquille jusqu'à l'échec du second référendum sur la souveraineté, une nouvelle modernité a tenté de s'imposer au Québec. En passant des préoccupations nationales à la focalisation sur l'individualité, la fiction québécoise s'est ouverte à de nouveaux horizons. De nouveaux auteurs sont nés et de jeunes maisons d'édition ont été créées pour les faire connaître.
Il était temps que la critique se penche de façon réfléchie sur ce phénomène de renouveau. C'est dans cette optique que les auteurs de Que devient la littérature québécoise ? se sont réunis pour dresser un portrait complet et systématique de cette nouvelle réalité.
Avec des textes de : Marc Arino, René Audet, David Bélanger, Mathieu Bélisle, Stefania Cubeddu-Proux, Jean-François Chassay, Robert Dion, Lise Gauvin, Louis-Daniel Godin-Ouimet, Marie-Pascale Huglo, Petr Kylousek, Vincent Lambert, Carmen Mata Barreiro, Ursula Mathis-Moser, Andrée Mercier, Élisabeth Nardout-Lafarge, Anne Martine Parent, Céline Philippe et Myriam Suchet.
Notre époque a soif de réalité et les médias se chargent bien volontiers de l'étancher. À travers le fouillis des reality shows, des blogues et des confessions de toute nature, comment l'oeuvre littéraire arrive-t-elle à tirer son épingle du jeu, à fonder son droit à parler du monde comme il va ?
Il semble que la littérature, au cours des dernières décennies, ait renoué tant bien que mal avec l'idée de s'inscrire de plain-pied dans le réel, s'attachant à surmonter les clivages entre document et fiction, archive et récit, pour parvenir à une vérité qui n'est soumise ni aux clichés du roman ni à l'épreuve d'un réel impossible.
Entre « fiction sans fiction » et non-fiction tentée par les artifices de l'imaginaire, les oeuvres étudiées ici cherchent à retrouver quelque pertinence sociale en réinventant les modalités de ce réalisme qui a fait de la littérature un fantastique instrument de connaissance de l'homme et du monde.
Robert Dion est professeur au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal et membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ).
La distance critique, c'est bien sûr celle que doit se ménager tout chercheur par rapport à ses objets ; mais c'est aussi une volonté d'inscrire et de vaincre la distance entre le corpus étudié et le public visé, entre la littérature québécoise et les cultures étrangères ou encore entre l'auteur et certaines questions de recherche qui se sont imposées à lui.
Réparties en cinq grandes sections - « Sur la littérature québécoise », « Sur le rapport entre le Québec et les cultures étrangères », « Sur la littérature contemporaine », « Sur la biographie » et « Sur Berlin » -, les études regroupées ici sont restées difficilement accessibles jusqu'à présent. En les retrouvant dans ce recueil, le lecteur pourra se rendre compte qu'elles prolongent et complètent les recherches passées de l'auteur, enracinées qu'elles sont dans les domaines de la poétique des genres, des transferts culturels et de l'herméneutique littéraire.
Ces réflexions « à distance » ont bien sûr pour but, suivant une trajectoire bien connue, de ramener à ce qui est, à l'auteur comme au lecteur, le plus proche.
Observée sous l'angle de la dynamique, la question des genres met de l'avant le phénomène de l'intergénéricité, c'est-à-dire les diverses formes d'interaction entre les catégories génériques, canoniques ou non, dans les écritures et les métadiscours contemporains.
Les auteurs veulent montrer comment, dans la production postérieure au renouvellement de la rhétorique et de la poétique, la question des genres continue de travailler, de manière ouverte ou subreptice, la littérature, les arts plastiques, les pratiques cinéma¬tographiques et théâtrales, de même que leur théorie, leur critique, leur commentaire.
Par delà les typologies, malgré les décrets de la mort du genre, il appert que la dynamique intergénérique constitue un enjeu majeur de la production et de la réflexion actuelles, qu'elles soient envisagées du point de vue de la sémiotique, de la sociocritique, de la postmodernité, du féminisme, des études culturelles et intercul¬turelles.
Il ne faut sans doute pas s'étonner si les écritures biographiques ont fait un retour fracassant sur la scène littéraire au cours des dernières décennies, comme en témoigne l'accueil critique très favorable des romans biographiques, des biographies imaginaires et des romans dits de filiation. En prise directe sur son époque, la biographie dans ses variantes les plus « réfléchies » s'astreint à penser un nouveau rapport au sujet, tout comme elle cherche à reprendre la réfl exion sur une autre obsession contemporaine, soit le rapport au passé, à la tradition littéraire.
Le corpus de quelque 350 oeuvres qui fait l'objet de ce livre rassemble les textes consacrés aux écrivains par des écrivains, publiés pour la plupart depuis 1980 dans les principales langues occidentales. Les auteurs ont voulu rendre compte de la richesse et de la diversité de ce qu'ils appellent les « fictions biographiques », sans pour autant être guidés par un souci de représentativité ou par une volonté d'être exhaustifs. Explicitant le concept de transposition, ils proposent une lecture de la littérature contemporaine qui met en relief les écarts qu'elle arrive à se ménager entre le souvenir d'une longue lignée et les impératifs du présent.
Cas à peu près unique dans la littérature québécoise, André Major, qui a contribué à la définir et à la promouvoir, entend n'y participer qu'à partir d'un écart, d'une certaine "retraite" maintes fois figurée et thématisée dans ses écrits, et bien avant la rédaction des carnets, comme le montre le dossier de ce numéro. L'originalité et le paradoxe de cette position - et des textes qui l'aménagent et la défendent -semblent en justifier l'examen, à la fois dans les publications les plus récentes et dans l'ensemble de l'oeuvre, qui gagne à être ainsi rétrospectivement réévaluée. De plus, ce numéro comprend une bibliographie de l'auteur, un entretien et un inédit. Vous pourrez aussi y lire un article de David Bélanger sur l'autofiction ainsi que les chroniques de Pascal Riendeau, d'André Brochu et de Lucie Robert.
Voici enfin le volet 2 du numéro que Voix et Images consacre à André Belleau, sous la direction de David Bélanger, Jean-François Chassay et Michel Lacroix. La grande figure du monde savant des années 60 à 80 n'a jamais voulu être confinée à sa spécificité littéraire, et de nombreux fragments constitutifs de son rôle de penseur et de passeur engagés sont abordés par les chercheurs qui participent à ce numéro. Il y est notamment question de Belleau homme de radio, que celui-ci se penche sur la théorie littéraire ou sur la cybernétique; de son rapport à la poésie; de sa conception de la figure de l'intellectuel; de sa correspondance avec l'avocat, syndicaliste et écrivain Pierre Vadeboncoeur; de son penchant pour le carnavalesque et de l'importance fondamentale de Rabelais; ainsi que de la place des femmes dans sa conception de la pratique intellectuelle.
De Walter Benjamin à Thomas Pavel, le roman est considéré comme le lieu et le moyen par lesquels l'être humain résout ou du moins expérimente ce qu'on pourrait appeler le « problème de vivre ». L'orientation de l'éthique vers la notion de vie humaine au cours des dernières années suscite d'ailleurs un intérêt accru de la philosophie morale pour la littérature. Au même moment, la question de la valeur est débattue dans le champ des sciences humaines. La littérature elle-même en vient à représenter une valeur, valeur du présent et valeur de pérennité, au sein d'un processus qui institue le « contemporain » en objet d'étude. L'intérêt pour les vies vécues et les modèles d'expérience se densifie, au point qu'une valeur exemplaire est recherchée dans la littérature par les écrivains comme par les lecteurs. Un rapport à l'histoire et à la responsabilité des générations vis-à-vis de leur mémoire et de leur futur est ainsi convoqué, à travers lequel se déploie une pensée de l'historicité, à savoir de la force des oeuvres - qu'elles soient actuelles ou anciennes - pour dire notre présent.
Ce dossier analyse des pratiques littéraires contemporaines conscientes des ambiguïtés et des contradictions qu'elles soulèvent dans leurs représentations du passé, leur saisissement de la mémoire et leur investissement de différentes formes d'histoire - histoire de l'art, histoire nationale, familiale, fictionnalisée, sublimée ou détournée.
Si la littérature est un assaut contre la frontière (Patrick Boucheron), elle se présente comme un questionnement de son poids éthique et esthétique quant à sa capacité à explorer le réel ou la vérité. Lorsque la littérature cherche à recomposer le réel, elle peut recourir à l'archive et au document pour soutenir ses conjectures. Aussi la vérité est-elle vue avec circonspection par une littérature consciente de ses limites et soucieuse d'en explorer le tracé et la valeur ; l'usage et les définitions mêmes de fiction, récit, roman et romanesque (entre autres) se trouvent alors bousculés par l'ambiguïté véritative d'oeuvres qui interrogent leurs dimensions historiques et sociopolitiques tout comme leur inscription dans le monde.
Ce dossier présente ainsi des études portant sur la capacité qu'a la littérature française contemporaine d'interroger les modalités aléthiques des discours sur la mémoire, en redéfinissant un certain nombre de frontières et d'enjeux thématiques et formels liés à la capacité représentationnelle du langage et à la mémoire comme expérience mitoyenne du passé et du présent.
Sous la codirection de Jean-Robert Bisaillon et Michelle Chanonat, le dossier de ce numéro, « arts de la scène et numérique », arrive à point nommé alors que les énoncés de politiques publiques concernant le numérique et d'importants programmes de subvention encouragent les artistes à prendre ce virage essentiel. Changement de paradigmes, mutualisation des données, partage d'expertise et développement de public, numérisation des archives et téléprésence composent le menu de ce dossier où spécialistes, artistes et représentants des Conseils des arts s'expriment. Hors dossier, on lira la Carte blanche d'Olivier Arteau sur la quête d'absolu qui guide son travail sur Antigone, une réflexion pénétrante de Ralph Elawani sur notre conception de la diversité et de « notre » culture, et un portrait du metteur en scène d'origine suisse Milo Rau.
Être contemporain c'est, au premier chef, être de son temps (ou en avance sur lui) et produire une oeuvre qui puisse être reçue parmi celles qui constituent le coeur vivant de la période la plus actuelle. Cet ouvrage se penche sur la question du contemporain, aussi bien du point de vue du discours critique qui le définit que des pratiques littéraires qui s'y rattachent, en prenant pour objet le discours narratif tel qu'il s'est déployé au Québec et en France depuis le tournant des années 1980.
Les auteurs rendent d'abord compte des thèmes et des mécanismes de valorisation qui marquent la critique littéraire, puis présentent des oeuvres qui exemplifient certaines concrétisations esthétiques et poétiques d'un nouvel art narratif. En se situant au confluent des réflexions françaises et québécoises, ils font dialoguer ces deux corpus et tentent de répondre aux questions suivantes : la notion de contemporain désigne-t-elle un même phénomène en France et au Québec ? Recoupe-t-elle la même réalité là-bas et ici ? Ces acceptions « nationales » se contaminent-elles, s'influencent-elles ? Entre vision panoramique et attention aux particularités des oeuvres, cet ouvrage soulève des points de contact et de divergence entre les deux littératures.