L’époque voudrait nous convaincre que la modernité, c’est fini. Qu’il faut en revenir aux canons, et au bon vieux récit, celui qui plaît, celui qui enchante le public. Comme si rien ne s’était passé, précisément, avec ces avant-gardes dont on ne peut pourtant contester qu’elles ont animé le XXe siècle.
Revenant sur l’histoire de la modernité et sur les définitions qui en ont été données, Philippe Forest analyse la façon dont, ces trois dernières décennies, l’idée s’est imposée d’une littérature ayant à se réconcilier avec elle-même afin de se réconcilier avec le monde. Sous couvert d’un plaisir de lecture qui aurait été malmené par des expériences formalistes ou autres, on serait désormais invité à la répétition du même, puisque tout aurait été dit, et excellemment dit. Et si, au contraire, tout restait à dire, sans cesse ?
À contre-courant du bruit journalistique et de l’académisme ambiant, l’auteur nous invite à questionner les conditions de possibilité d'une parole littéraire qui ne renonce pas à l'exigence moderne. Ce questionnement concerne davantage que le strict champ de l'esthétique et emporte avec lui toutes sortes de conséquences – notamment une conception de la culture devenue une chose inessentielle et presque dérisoire.
Exception telle est la règle en art et en littérature.
Philippe Sollers
Au sortir de la Première Guerre mondiale, quelques jeunes écrivains se saisissent d'un néologisme forgé par Guillaume Apollinaire : « surréalisme ». Leur propos est moins de fonder une nouvelle « école » que de s'engager dans une nouvelle aventure. Se refusant au cloisonnement des disciplines (littérature, peinture, cinéma) comme à celui des frontières (par son cosmopolitisme), l'histoire du surréalisme traverse le siècle. Retraçant l'évolution du mouvement de 1917 à 1966, évoquant ses dimensions politiques ou philosophiques, le présent ouvrage se penche essentiellement sur le surréalisme littéraire : celui de A. Breton et L. Aragon, P. Soupault et A. Artaud, R. Desnos et P. Éluard, R. Vitrac et R. Crevel. En ce domaine, le surréalisme se veut révolution ; il se joue de la classique division des genres, impose une vision nouvelle de la poésie, condamne roman et théâtre tout en s'attachant à les réinventer. Une nouvelle façon d'écrire s'invente qui appelle l'invention d'une nouvelle manière de lire.
Cinq regards d'écrivains français sur cinq grands auteurs japonais qui ont changé leur vie. Un recueil de la collection Fidelio.
Dans chaque Fidelio, cinq auteurs contemporains racontent leurs premiers émois littéraires avec l'écrivain qui a changé leur vie : ici, cinq géants de la littérature japonaise moderne.
Minh Tran Huy est troublée parce qu'elle retrouve de son propre parcours dans l'oeuvre de Haruki Murakami, habitée par la perte et l'errance. Nicolas Gaudemet raconte comment la découverte de Mishima et de ses personnages l'a transfiguré. René de Ceccatty évoque avec érudition son amitié avec Kenzaburô Ôé. Philippe Forest se souvient de sa rencontre avec Yûko Tsushima, qui a connu la même tragédie que lui, la mort d'un enfant. Et Marie Céhère explore comment, malgré la distance et le temps, Kawabata parle encore à des jeunes femmes d'aujourd'hui.