Hans Ulrich Obrist a enregistré des milliers d’entretiens avec les meilleurs créateurs, artistes, musiciens, écrivains, penseurs, philosophes. Il est un des curateurs d’exposition les plus réputés à l’échelle internationale. Dès son adolescence, il s’est mis à écumer l’Europe, en trains de nuit, pour visiter des ateliers – là où s’approche l’essentiel de l’art et de ses mystères. « J’ai toujours été inspiré par l’idée d’être au milieu des choses mais au centre de rien. »
Pourtant, qui connaît Hans Ulrich Obrist ? Curieux et enthousiaste de tout, il est resté très discret sur lui-même. Dans ce livre événement, il accepte enfin de s’exposer.
Tout part de l’enfance, en Suisse, à deux pas des frontières allemande et autrichienne, à même d’inspirer une conception fluide de la notion d’identité. Et puis, vers l’âge de six ans, c’est un très grave accident : renversé par une voiture, il passe plusieurs semaines entre la vie et la mort. Il en tire le sentiment persistant que chaque jour pourrait être le dernier.
Sa frénésie de découvertes, de rencontres, de lectures, en fait un infatigable bourlingueur. Mais, tout à coup, c’est la pandémie, le confinement. Un arrêt brutal. Et l’occasion de prendre le temps d’un retour sur soi. Entre rituels, croyances, convictions, fulgurances, on comprend la cohérence des choix, et la volonté de toujours se renouveler.
Hans Ulrich Obrist (né en 1968 à Zurich) est directeur artistique de la Serpentine à Londres et conseiller principal de la Fondation LUMA à Arles. Il a également été curateur au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Depuis sa première exposition World Soup (The Kitchen Show) en 1991, il a été le commissaire de plus de 350 expositions.
Le Louvre, avant d’être musée, fut atelier d’artistes. Il demeure aujourd’hui leur résidence.
Pendant plusieurs mois, Hans Ulrich Obrist, personnalité majeure du monde de l’art, a cheminé au travers des collections avec de grandes figures de la création actuelle. Celles-ci évoquent les œuvres qui les ont marquées, les espaces qui, encore maintenant, les saisissent d’admiration. Chaque artiste interroge, suivant sa sensibilité contemporaine, les défis que rencontre le musée au XXIe siècle.
La séparation fréquente entre patrimoine et création, entre art du présent et art du passé, est désormais dépassée : par la pluralité de voix qui s’expriment à chaque fois face aux œuvres, le Louvre s’affirme comme le lieu du dialogue entre les temps de l’art – lieu au miroir duquel chacune et chacun vient refléter ses propres projets.
Au final, les onze conversations suscitent avant tout un puissant désir : celui d’aller voir et revoir les œuvres, évoquées ici ou d’autres, dans ce fourmillement magique d’un musée sans cesse réinventé par ses visiteurs.