06/01/2023
Être l'ennemi public numéro un dans son propre pays n’est pas chose facile. Même dans l’un des plus petits État au monde : la principauté de Liechtenstein. Johann Kaiser, placé en orphelinat à six ans, globe-trotter, maître de la manipulation, réside dans un lieu inconnu sous un faux nom. Il a gagné tellement d'argent qu'il pourrait ne se préoccuper de rien. Mais pour se défendre contre ceux qui souhaitent sa mort, il doit raconter l’histoire de sa vie.
S’inspirant librement de Heinrich Kieber, personnage bien réel qui vendit aux services secrets allemands les données fiscales des clients d'une banque du Liechtenstein, Benjamin Quaderer met en scène un homme hors du commun à l’humour cinglant, et signe un premier roman aussi vif qu’intelligent sur le pouvoir de l’argent et de la narration.
Traduit de l’allemand (Liechtenstein) par Claire de Oliveira
« Tellement brillant, tellement excitant, tellement amusant. » Der Spiegel
« Benjamin Quaderer a écrit un roman bourré d’idées sur un imposteur et le Liechtenstein qui, incidemment, évoque un vol de données bancaires. » Die Zeit
« Une vraie découverte. » Süddeutsche Zeitung
Benjamin Quaderer est né en Autriche en 1989 et a grandi au Liechtenstein. Il a suivi des cours d'écriture littéraire à Vienne. Publié au printemps 2020, L’Homme qui fit chuter le paradis a reçu de nombreux prix dont celui du Premier Roman de Lit.COLOGNE, un festival international de littérature. Un projet d’adaptation cinématographique est en cours. Il vit désormais à Berlin.
L’époque voudrait nous convaincre que la modernité, c’est fini. Qu’il faut en revenir aux canons, et au bon vieux récit, celui qui plaît, celui qui enchante le public. Comme si rien ne s’était passé, précisément, avec ces avant-gardes dont on ne peut pourtant contester qu’elles ont animé le XXe siècle.
Revenant sur l’histoire de la modernité et sur les définitions qui en ont été données, Philippe Forest analyse la façon dont, ces trois dernières décennies, l’idée s’est imposée d’une littérature ayant à se réconcilier avec elle-même afin de se réconcilier avec le monde. Sous couvert d’un plaisir de lecture qui aurait été malmené par des expériences formalistes ou autres, on serait désormais invité à la répétition du même, puisque tout aurait été dit, et excellemment dit. Et si, au contraire, tout restait à dire, sans cesse ?
À contre-courant du bruit journalistique et de l’académisme ambiant, l’auteur nous invite à questionner les conditions de possibilité d'une parole littéraire qui ne renonce pas à l'exigence moderne. Ce questionnement concerne davantage que le strict champ de l'esthétique et emporte avec lui toutes sortes de conséquences – notamment une conception de la culture devenue une chose inessentielle et presque dérisoire.
« En vérité, dès ma naissance j’ai attrapé l’exil. En premier du pays de ma mère Raquel, l’Uruguay, mais aussi de l’Espagne et de la France, héritées de mes grands-parents. En me remémorant les promenades sur le quai argentin, je ressens la rive de ma mère, et des siens. Les exils là-bas se multipliaient, je ne saurais pas donner un nom à ces sensations qui me retrouvent, non sans mélancolie, et que je reconnais parfaitement.
Aujourd’hui, je contemple la Seine. Je n’aperçois aucun bateau, seulement les sillages des courants qui, après la traversée de l’Atlantique, pénètrent dans l’autre fleuve et entourent les ports de Montevideo et de Buenos Aires. Je ne vois pas d’île dans mon souvenir, rien que le ciel et l’eau. »
Née en 1934, Silvia Baron Supervielle vit depuis 1961 en France dont elle a adopté la langue. Grande traductrice de l’espagnol, elle a fait connaître de très nombreux poètes argentins et uruguayens, elle a également traduit en espagnol Marguerite Yourcenar et a publié leur correspondance. Au Seuil ont paru : La Rive orientale, La Ligne et l’Ombre, Le Pays de l’écriture, Une simple possibilité, La Forme intermédiaire et son œuvre poétique : En marge. Elle a publié par ailleurs chez Corti, Arfuyen et Gallimard.
Toute sa vie, Kerry Salter a cherché à éviter deux choses : sa ville natale et la prison. Mais son grand-père se meurt et la police du Queensland la soupçonne de complicité dans un cambriolage. La jeune aborigène remonte donc sur sa Harley, direction Durrongo, sa rue principale, son pub, son ennui, ses sauvagesnormauxblancs... et sa famille fantasque. Car, entre sa mère qui tire les cartes dans les foires, son frère, sorte de koala géant alcoolique, et son neveu mal dans sa peau qui se rêve en baleine, Kerry aura fort à faire. D'autant que le maire entreprend de construire une prison sur la terre sacrée des Salter : la magnifique île d'Ava où leur ancêtre, pourchassée par les Blancs, s'est réfugiée pour y accoucher. La guerre entre l'édile corrompu et la famille Salter sera féroce.
Un roman grinçant et jubilatoire qui nous plonge au coeur du bush australien.Melissa Lucashenko est une autrice bundjalung de la côte est de l'Australie. Très active dans la défense des droits des aborigènes, elle est co-fondatrice des Sisters Inside, une association qui vient en aide aux femmes incarcérées. Celle qui parle aux corbeaux est son sixième roman. Il a reçu le prestigieux prix Miles Franklin en 2019.Traduit de l'anglais (Australie) par David Fauquemberg
En relatant la vie de plusieurs réfractaires inconnus à travers les traces laissées dans les archives des tribunaux, Marius Loris décrit les différentes formes de la désobéissance - de la contestation discrète à la résistance plus directe - parmi les soldats de l'armée française en Algérie. Si l'on connaît l'épisode du putsch d'avril 1961 ou le mouvement des rappelés en métropole contre le service militaire en 1955-1956, les résistances quotidiennes et les déviances de guerre restent largement inconnues et sous-estimées. Des épisodes d'importance mais ignorés, comme les nombreuses mutineries ayant eu lieu après les Accords d'Évian (mars 1962) jusqu'au départ définitif du contingent en 1964, ont pourtant émaillé le conflit.
Comment et pourquoi des appelés ont refusé les ordres ? C'est toute la question de la discipline dans une armée en guerre que pose ce livre à un moment où le commandement ne va plus de soi. Après la Seconde Guerre mondiale, le sentiment de l'honneur perdu couplé à celui de la perte de prestige de l'uniforme forme en effet un terrain explosif pour des officiers français qui se sentent méprisés et déclassés. Parallèlement, la guerre d'Algérie est aussi un moment de politisation intense du contingent, à l'image des mutations à l'oeuvre dans la société française des années 1950-1960. L'heure est au refus de l'autorité et à l'antimilitarisme. La multiplication des petits actes de résistance dans le contingent en témoigne. À la sortie de la guerre, le pacte qui lie l'armée aux citoyens doit être repensé.Docteur de l'Université Paris 1 Sorbonne, Marius Loris Rodionoff a mené des recherches sur la guerre contre-révolutionnaire durant la guerre d'Algérie. Il est par ailleurs poète et performeur.
Rien de ce qui est humain ne nous est étranger retrace la vie des grands-parents de Claudio Lomnitz, Misha et Noemi, deux jeunes Juifs de Bessarabie. L'un migre seul au Pérou en 1919. L'autre y part avec ses parents en 1921. Fondateurs de revues, imprégnés d'idéaux internationalistes, antiimpérialistes puis antifascistes, passionnés d'éducation populaire et d'ethnologie, attachés à l'émancipation des Juifs et des Indiens, fraternisant avec les Quechua, intimes du Gramsci latino-américain, José Carlos Mariategui, Misha et Noémi n'ont cessé de rechercher les moyens de faire advenir une civilisation universelle.
Globe-trotters de l'émancipation, séjournant à Paris, au Chili, en Colombie, en Israël, avant de s'établir en Californie, ils sont porteurs d'une judéité qui s'est identifiée à l'humanisme cosmopolite et s'est transmise à leur petit-fils, le narrateur, né entre les langues, les nationalités, les continents. La traversée de ces mondes est l'occasion pour l'auteur de leur donner une riche épaisseur sociale et historique et de nous révéler des connexions inattendues et passionnantes, des résistances admirables et obstinées au coeur de ce tragique XXe siècle.Francophone, Claudio Lomnitz est anthropologue et historien. Il est professeur d'anthropologie à Columbia University. Il a publié de nombreux ouvrages principalement consacrés au Mexique, dont une histoire politique et culturelle de la mort. Il est contributeur au grand quotidien mexicain La Jornada.Traduit de l'anglais par Marc Saint-Upéry.
Francesca Trivellato part sur les traces de la légende qui a accompagné l'idée de prédispositions particulières des Juifs pour le commerce et le crédit. À l'origine se trouve la fable de l'invention juive, à la fin du Moyen Âge, de l'assurance maritime et de la lettre de change, deux instruments essentiels de la finance privée européenne. Exprimée pour la première fois dans le texte d'un avocat bordelais du XVIIe siècle, cette construction imaginaire, à très longue portée et aux conséquences terribles, se trouve reprise par Montesquieu, Voltaire, Beccaria, puis dans les textes plus contemporains de Marx ou Weber.
Retraçant les différentes manifestations de cette légende et ce qu'elles révèlent des aspirations et des craintes collectives des contemporains, ce livre s'attache à décrire le fonctionnement de l'économie préindustrielle, les mécanismes du crédit à l'époque moderne et la mise en place du statut des Juifs en France et en Europe, du milieu du XVIIe siècle jusqu'à Napoléon. Magnifique ouvrage d'histoire culturelle de l'économie, Juifs et capitalisme montre que les débats sur la portée du marché ont toujours été indissociables de l'élaboration de hiérarchies juridiques et symboliques impliquant inclusions et exclusions. L'anonymat du marché est une idée récente. Elle reste une réalité insaisissable.Professeure d'histoire moderne, spécialiste de l'histoire culturelle et économique, théoricienne de ce qu'elle a appelé la microstoria globale, Francesca Trivellato est devenue en 2018 full professor à l'Institute for Advanced Study de Princeton, une des positions les plus prisées en Amérique du Nord. Elle a publié aux éditions du Seuil Corail contre diamants. De la Méditerranée à l'océan Indien au XVIIIe siècle (« L'Univers historique », 2016).
Boucs émissaires, violences sacrificielles, désir mimétique, autant de thèmes que René Girard (1923-2015) n’a cessé d’explorer et qui sont devenus des ressources essentielles pour notre compréhension des sociétés. L'anthropologie mimétique, dont il a posé les bases, a en effet eu des échos multiples dans les sciences humaines et les religions.
Avec ce livre, Bernard Perret, entreprend une présentation éloquente de ce vaste chantier théorique. Il éclaire notamment la fonction et la signification de la violence dans les rapports humains, des origines à nos jours, tout en explorant les liens et les différences entre la pensée de Girard et celle d'autres grands auteurs du xxe siècle (Lacan, Lévi-Strauss, Mauss …). Le lien particulier de Girard aux Écritures juives et chrétiennes, le sens à la fois novateur et controversé qu’il donne à la passion et à la mort du Christ, ne sont pas éludés, tout comme sa vision apocalyptique du politique.
En exposant la cohérence profonde et la fécondité d’une pensée majeure de notre temps, ce livre permet de ressaisir tous les débats passionnants auxquels elle a donné et donne toujours lieu.
Bernard Perret est un ingénieur et socio-économiste français. Membre du comité de rédaction Esprit, il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Penser la foi chrétienne après René Girard, Ad Solem, 2018 ; Pour une raison écologique, Flammarion, 2011.
Les voies spirituelles apparaissent au premier abord très différentes les unes des autres : on ne voit guère ce qui rassemble la méditation assise, l'art des compositions florales et la pratique des arts martiaux. Et encore moins ce qui les rapproche de la « nuit obscure » de Jean de la Croix, ou de l'« expérience intérieure » de Georges Bataille. Mais la pluralité même de ces pratiques fait surgir la question de ce qui les réunit - qu'ont-elles en commun ? Comment changent-elles notre vision du monde, des choses, des théories et, plus profondément, notre rapport à la vie ? Et finalement, qu'est-ce qu'une « voie » ? Que veut dire ce mot, quand on tente d'en explorer la profondeur ?
Telles sont les questions auxquelles veut répondre ce livre qui, en suivant l'itinéraire d'un « chercheur spirituel », et en faisant jouer divers éclairages venus de la psychanalyse, de la psychothérapie et des sciences humaines, explore les fondamentaux de ces pratiques de soi.Jean-Luc Giribone, ancien élève de l'ENS (Ulm), agrégé de lettres, s'intéresse à la pratique spirituelle depuis plus de trente ans. Il est l'auteur d'essais et de récits : Méditations carnavalesques, Le Rire étrange, Qu'est-ce qu'un homme de vérité ? et La Nef immobile.
Hans Ulrich Obrist a enregistré des milliers d’entretiens avec les meilleurs créateurs, artistes, musiciens, écrivains, penseurs, philosophes. Il est un des curateurs d’exposition les plus réputés à l’échelle internationale. Dès son adolescence, il s’est mis à écumer l’Europe, en trains de nuit, pour visiter des ateliers – là où s’approche l’essentiel de l’art et de ses mystères. « J’ai toujours été inspiré par l’idée d’être au milieu des choses mais au centre de rien. »
Pourtant, qui connaît Hans Ulrich Obrist ? Curieux et enthousiaste de tout, il est resté très discret sur lui-même. Dans ce livre événement, il accepte enfin de s’exposer.
Tout part de l’enfance, en Suisse, à deux pas des frontières allemande et autrichienne, à même d’inspirer une conception fluide de la notion d’identité. Et puis, vers l’âge de six ans, c’est un très grave accident : renversé par une voiture, il passe plusieurs semaines entre la vie et la mort. Il en tire le sentiment persistant que chaque jour pourrait être le dernier.
Sa frénésie de découvertes, de rencontres, de lectures, en fait un infatigable bourlingueur. Mais, tout à coup, c’est la pandémie, le confinement. Un arrêt brutal. Et l’occasion de prendre le temps d’un retour sur soi. Entre rituels, croyances, convictions, fulgurances, on comprend la cohérence des choix, et la volonté de toujours se renouveler.
Hans Ulrich Obrist (né en 1968 à Zurich) est directeur artistique de la Serpentine à Londres et conseiller principal de la Fondation LUMA à Arles. Il a également été curateur au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Depuis sa première exposition World Soup (The Kitchen Show) en 1991, il a été le commissaire de plus de 350 expositions.
2018, São Paulo. Trois adolescents paumés, surexcités par le discours du président en devenir, agressent un homosexuel et lui gravent au couteau, sur le torse, le V de la victoire et une croix gammée.
2003. Les inspecteurs Mario Leme et Ricardo Lisboa, de la police civile, enquêtent sur la mort du directeur de la British School. Leur hiérarchie souhaite une conclusion rapide : un cambriolage qui aurait mal tourné sera la version officielle. La police militaire prend le relais, fait une descente dans une favela et arrête un coupable bien commode.
C’est là le début d’une incroyable fresque sociopolicière à laquelle participent une myriade de personnages : un ex-agent de la CIA chargé de blanchir de l’argent, un enfant des rues qui gravit les échelons d’une organisation mafieuse, l’assistante de la maire de gauche et bien d’autres. Tous ces destins sont liés et chacune des intrigues qui irriguent le roman dessine au final un tableau du Brésil dantesque et vertigineux.
Mêlant fiction et réalité, Joe Thomas réussit un tour de force scénaristique et romanesque dans ce roman noir dense et hypnotique.
TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR JACQUES COLLIN
Joe Thomas est né à Londres en 1977 et a longtemps vécu au Brésil. Brazilian Psycho est son premier roman traduit en France.
« Brillant. » The Times
« Vertigineux. » GQ
Célèbre parmi tous les apôtres, saint Paul est aussi le plus mal connu. On le dit colérique, doctrinaire, antiféministe, hostile au judaïsme. Après le message simple de Jésus, il serait venu tout compliquer avec une théorie obscure du péché... Mais qui a vraiment lu ses lettres ? Qui a deviné l'homme derrière les propos de Paul de Tarse ?
L'originalité du livre de Daniel Marguerat est d'immerger ses écrits dans la vie tumultueuse et passionnée de l'apôtre. Car derrière les textes de ce grand théologien, il y a un homme qui aime, qui lutte, qui peine et qui souffre. Qui est l'homme Paul ? Qu'a-t-il vécu, expérimenté, souffert - au point que, de cette vie, a surgi une pensée fulgurante ?
Ce qu'on appelle la « théologie de Paul » n'est pas une doctrine intemporelle, qu'on débiterait à coups de formules dans un catéchisme. Daniel Marguerat montre sous quelles impulsions, à la suite de quelles rencontres, sous le coup de quels chocs cette pensée s'est peu à peu construite.
On apprend ainsi comment l'apôtre réconforte les chrétiens de Thessalonique harcelés pour leur foi. Comment il confie aux femmes en Église une place et un rôle qu'elles perdront rapidement ensuite. Comment il milite à Corinthe contre les discriminations. Comment il plaide chez les Gaulois de Galatie en faveur de l'universalité du christianisme. Et comment il fut, tour à tour, adulé, détesté ou oublié.
Un livre passionnant, qui fait découvrir un Paul peu connu. Sa pensée incandescente fait de lui, aujourd'hui encore, l'enfant terrible du christianisme.Daniel Marguerat, historien et bibliste,est professeur honoraire de l'Université de Lausanne. Ses travaux sur les origines du christianisme lui ont acquis une réputation mondiale. Dans ce livre, il dépose le fruit d'une trentaine d'années de recherche sur l'apôtre des nations.
« Amoureuse, je ne l’ai été que de Capa. Bob ne voulait pas m’épouser, mais il m’avait délivrée. Quelle plus belle preuve d’amour ? Il m’a offert, en retour, le plus précieux cadeau de non-mariage du monde : la clé pour m’affranchir de mes servitudes.»
Juin 1945. Ingrid Bergman débarque à Paris et tombe aussitôt sous le charme de Robert Capa, qu’elle croise au Ritz. Le « plus grand photographe de guerre du monde » et la star d’Hollywood vont vivre deux années de passion. À Paris, Berlin, New York et Los Angeles, une folle aventure joyeuse et tendre, qui demeurera secrète mais fera de l’actrice une femme libre à jamais.
Jean-Michel Thénard est rédacteur en chef adjoint du Canard enchaîné.
Luttes pour le logement au Pays basque
Luttes de la terre en Loire-Atlantique
Luttes féministes à Grenoble
Luttes de l'énergie sur le littoral breton
Luttes contre les violences policières dans les banlieues parisiennes
Luttes contre l'extrême droite à Lyon
Luttes anticolonialistes en Guadeloupe
Où et pourquoi se mobilise-t-on aujourd'hui en France ? Il existe, dans certains territoires, une tradition de lutte spécifique qui s'est ancrée localement et se perpétue. Du littoral breton aux banlieues parisiennes, de la campagne basque aux universités lyonnaises en passant par l'archipel guadeloupéen, le journaliste Romain Jeanticou est allé à la rencontre de celles et ceux qui mènent ces combats. Dans les potagers de Notre-Dame-des-Landes, Paul, le doyen de la ZAD, raconte une vie de luttes bottes aux pieds en Loire-Atlantique. À Grenoble, Anne, jeune militante féministe, renouvelle les combats du tout premier planning familial du pays. À travers sept territoires et des dizaines de récits intimes et politiques, l'auteur dresse un tableau vivant de l'évolution du militantisme. On y entend les désillusions, la violence et le poids de l'engagement sur les existences, mais aussi le coeur vibrant et joyeux de la lutte.
Romain Jeanticou est grand reporter au magazine Télérama, où il couvre depuis 2017 les luttes politiques et sociales.
Vous est-il déjà arrivé un soir de réveillon de croiser le père Noël égaré dans votre propre cheminée ? Ou vous êtes-vous déjà endormi dans votre petit lit douillet et réveillé quelque part entre Pitchik et Pitchouk étoilé et numéroté ? Non ? Alors réjouissez-vous car ce conte est pour vous.
Une très vieille personne - de mon âge, c'est tout dire - me confia sous le sceau du secret la recette de ce conte de Noël à déguster chaud ou froid, à Pâques ou à Roch Hachana, avec un thé citron ou un verre de vodka, seul ou avec la terre entière, à l'hosto ou chez soi près de sa cheminée Napoléon III : cueillir quelques brins de passé, de présent, de mémoire et d'oubli. Ajouter des rires d'enfants, plein la casserole, et des larmes à gogo, un père Noël standard avec sa mère Noël. Saupoudrer le tout d'un nuage de fleur d'oubli. Couvrez et laissez mijoter à feu doux. Pourquoi l'oubli ? Pour obliger la mémoire infidèle à se souvenir de ce qui fut et qui n'est plus, de ceux qui furent et disparurent.
« Thomas se meurt. À vingt-cinq ans. Leo, qui en a seulement quatre de plus, est à présent veuf d'un compagnon qui n'en a jamais vraiment été un, d'ailleurs il n'existe pas même de terme, dans aucun dictionnaire, pour définir une personne qui n'a été ni mari, ni femme, ni amant, et pas uniquement compagnon. »
Mais si Leo ne peut en faire le deuil, ce n'est pas seulement qu'il n'existe aucun mot ni rite. C'est que son monde est à l'image de ce ciel d'Émilie-Romagne sur le delta du Pô, où il échoue un matin, à l'issue d'une course harassante. Habité par le souvenir du jeune homme qu'il a aimé, Leo se condamne pendant quatre années à l'errance, dans l'espoir de trouver la ligne de partage entre les vivants et les morts. Il parcourt une Europe où le passé et le présent se superposent, les routes se croisent, les années se confondent et les visages émergent, parmi d'autres plus anciens. À travers ces glissements progressifs, Leo cherche vainement à cerner ses propres traits, que la trentième année a brouillés. Croyant pouvoir se protéger, il avait imposé à Thomas de faire chambre à part, ville à part, vie à part. Il lui faudra traverser l'océan pour retrouver, après une descente aux enfers, la force de vivre sur la seule ligne de crête qu'il connaît, le fil d'écriture.
Il n’y a plus aujourd’hui d’évidence dans le fait de vivre sur terre. Effondrement général de la biodiversité, accélération du réchauffement climatique, catastrophes sanitaires et sociales : les faits sont innombrables et bien d’autres cataclysmes sont à venir. Il ne suffit pas d’en avoir conscience. Il faut aussi savoir comment vivre si chacun de nos gestes compte et si nous n’avons presque plus de temps. L’Anthropocène réclame un souci infini de la terre et des vivants, qui risque à chaque instant de se retourner en ressentiment contre la vie. L’écologie menace de nous rendre fous ou malades. C’est pourquoi, du fond de notre détresse, nous avons besoin qu’elle puisse devenir un « gai savoir ».
Peut-on concevoir une pensée écologique qui soit aussi une philosophie de la puissance, ne se résumant ni à sa célébration prométhéenne, ni à son déni ascétique ? Si la vie est volonté de puissance, alors il s’agit de chercher à dégager les conditions auxquelles l’accroissement de la puissance peut aussi prendre la forme d’un retour vers la terre. En quête d’une telle philosophie, ce livre chemine en compagnie de Nietzsche. Car il est peut-être encore temps de répondre à ce mystérieux appel de Zarathoustra : « Que le surhumain soit le sens de la terre ! »
Benoît Berthelier est ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris et agrégé de philosophie.
Cent Ans de solitude. Épopée de la fondation, de la grandeur et de la décadence du village de Macondo, et de sa plus illustre famille de pionniers, aux prises avec l’histoire cruelle et dérisoire d’une de ces républiques latino-américaines tellement invraisemblables qu’elles nous paraissent encore en marge de l’Histoire, Cent Ans de solitude est ce théâtre géant où les mythes engendrent les hommes qui à leur tour engendrent les mythes, comme chez Homère, Cervantes ou Rabelais. Chronique universelle d’un microcosme isolé du reste du monde – avec sa fabuleuse genèse, l’histoire de sa dynastie, ses fléaux et ses guerres, ses constructions et ses destructions, son apocalypse – « boucle de temps » refermée dans un livre où l’auteur et le dernier de sa lignée de personnages apparaissent indissolublement complices, à cause de « faits réels auxquels personne ne croit plus mais qui avaient si bien affecté leur vie qu’ils se trouvaient tous deux, à la dérive, sur le ressac d’un monde révolu dont ne subsistait que la nostalgie ».« Gabriel Garcia Marquez a atteint l’expression la plus parfaite et la plus pathétique de la solitude de l’homme sud-américain. »Le Monde« Cent Ans de solitude est un chef-d’œuvre et certainement l’un des meilleurs romans latino-américains à ce jour. Marquez a réussi non seulement un best-seller, mais un best-seller qui mérite son succès. »TimesGabriel García Márquez est né en 1928 à Aracataca, village de Colombie, le Macondo dont parle une grande partie de son œuvre. Formé au journalisme, qu’il a toujours exercé avec passion, il a bâti une œuvre romanesque qui a fait de la Colombie un mythe littéraire universel.Gabriel García Márquez a reçu le prix Nobel de littérature en 1982.
Innovez, innovez, innovez : telle est la formule magique qui sort sans cesse de la bouche des économistes et des politiques. Mais personne ne demande pourquoi cette frénésie permanente d'innovations technologiques, managériales, financières, publiques ou sociales et, surtout, dans quels buts ?
L'injonction à innover toujours plus et plus vite est en réalité paradoxale : les innovations passées ont souvent contribué à aggraver les crises écologiques, géopolitiques, sociales et financières que nous connaissons aujourd'hui. Pour comprendre ce paradoxe, ce livre raconte comment s'est formée cette culture de l'innovation, fondée sur la croyance que celle-ci est la condition de progrès économiques, environnementaux ou sociaux, comment cette culture est associée à des valeurs positives telles que la créativité et la liberté d'entreprendre. Ce livre montre que cette vision enchantée est en réalité dangereuse : elle mésestime les faces sombres des innovations qui sont d'autant plus difficiles à repérer qu'elles se manifestent avec retard, au moment où elles sont diffusées à grande échelle.
Comment innover autrement pour éviter ces effets indésirables et contribuer à une société plus soutenable ? Le livre explore deux pistes de réflexion complémentaires : la responsabilisation des innovateurs sur les conséquences à long terme de leurs projets ; les potentiels d'innovations plus sobres fondées sur la transformation des modes de vie, de consommation et de production, compatibles avec les limites planétaires et les besoins des générations futures.Professeur de management à Mines Paris - PSL, spécialiste de l'économie circulaire, des enjeux de transition écologique et d'innovation responsable, Franck Aggeri est également codirecteur de la chaire « mines urbaines » dédiée à l'économie circulaire et chroniqueur pour Alternatives Économiques.
Au mieux méconnu, le plus souvent caricaturé, le mouvement antifasciste en France fait l'objet de nombreux fantasmes. Qu'ils soient politiques, médiatiques ou policiers, ils font tous de « l'antifa » soit un « casseur », voire un tueur de flics en puissance, soit un « jeune étudiant idéaliste en mal de sensations fortes », comme fut présenté Clément Méric au lendemain de son meurtre par des skinheads néonazis. Bien loin de ces préjugés, cet ouvrage retrace l'histoire récente du milieu antifasciste et la constitution de ses différentes tendances, met au clair la question épineuse de son rapport à la violence, et brosse le portrait de ces hommes et femmes, souvent jeunes, qui se mobilisent en son nom. Derrière les cagoules, les fumigènes et les slogans, Sébastien Bourdon, dont c'est là le premier livre, montre grâce à un accès inédit à cette mouvance qui sont réellement ses militants et militantes ; leurs combats et leurs façons de lutter ; et ce que représente cette nouvelle génération d'antifascistes. Images à l'appui, il permet également de découvrir les codes et représentations visuelles du milieu, de ses références historiques à ses revendications, en passant par ses détournements de la culture populaire.
Journaliste indépendant, Sébastien Bourdon travaille régulièrement pour Mediapart et a notamment contribué à une série d'enquêtes sur la présence de néonazis dans l'armée française.
Florence, fin juin 1887, un dénommé Husayn meurt. Ainsi s'achève la trajectoire hors du commun d'un ancien esclave, né dans le Caucase, devenu général de l'Empire ottoman.
Dans son enfance, Husayn est vendu sur un marché d'Anatolie comme esclave, envoyé à Istanbul, puis à Tunis. Là, il est éduqué et promu jusqu'à atteindre le rang de dignitaire de l'Empire ottoman avant que la colonisation de la Tunisie par la France en 1881 ne le contraigne à l'exil, en Italie. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Sa mort en Toscane provoque une série de conflits autour de sa succession qui mettent aux prises le sultan ottoman, ses vizirs, des fonctionnaires français, des juristes européens et des membres de communautés musulmanes et juives sur les deux rives de la Méditerranée.
Mobilisant des sources françaises, tunisiennes, italiennes, britanniques et ottomanes, Un esclave entre deux empires revient sur les pas de Husayn pour révéler les dimensions transimpériales de l'histoire de l'Afrique du Nord entre la seconde moitié du XIXe siècle et les années 1920. À travers ce destin singulier, ce livre montre que l'histoire contemporaine du Maghreb ne saurait être lue au seul prisme de l'histoire coloniale française, mais qu'elle doit être appréhendée d'après l'histoire des sociétés maghrébines et au croisement de multiples puissances méditerranéennes.Professeur à Sciences-Po Paris, M'hamed Oualdi est spécialiste de l'histoire du Maghreb moderne et contemporain (XVIe-début du XXIe siècle). Il a publié en français Esclaves et maîtres (Publications de la Sorbonne, 2011) et dirige un programme de recherches européen (ERC) sur les fins d'esclavages au Maghreb.
La Silicon Valley, cœur battant des nouvelles technologies, rythme le quotidien de milliards d’individus. Elle a transformé les façons de communiquer, de s’informer, de travailler, de se divertir et de s’aimer. Percées technologiques, marchés financiers, cours de justice, ses entreprises occupent le devant de la scène médiatique. De la conquête spatiale à l’informatique quantique, ses ingénieurs repoussent les frontières de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Ses scientifiques projettent la fin de la mort et travaillent au dépassement de l’humain par la machine.
Ce livre propose une immersion dans un univers qui inspire jusqu’à Hollywood, mais qui reste paradoxalement méconnu. Loin de s’arrêter à ses grands noms, il dépeint le parcours, la mentalité et les façons de faire de ceux qui bataillent quotidiennement dans un système hypersélectif pour séduire les investisseurs, embaucher les meilleurs développeurs et trouver la solution qui changera le monde.
Du Burning Man aux mobilisations anti-Tech, il offre une plongée dans un monde en perpétuelle révolution, riche de promesses et d’inquiétudes pour l’avenir.
Olivier Alexandre est sociologue, chargé de recherche au CNRS, membre du Centre Internet et Société, enseignant à Sciences Po Paris, ancien visiting scholar à l’université de Northwestern et de Stanford. Ses travaux portent sur la culture et le numérique.
Manque de personnel soignant, de médicaments, fermetures de services à l'hôpital, morts évitables... La santé est à bout de souffle, alors que la part du budget qui lui est allouée n'a pas diminué depuis des années. Où va l'argent de la Sécurité sociale ? Le temps est venu de faire les comptes. L'industrie pharmaceutique est celle aux marges les plus élevées. C'est aussi celle qui bénéficie le plus du « quoi qu'il en coûte » d'Emmanuel Macron. Combien extorque-t-elle d'argent public chaque année ? Dans cette enquête, Rozenn Le Saint montre comment l'État laisse les laboratoires vider ses caisses. Quitte à nous mettre toutes et tous en danger. La journaliste dévoile le palmarès de ce racket décerné aux firmes qui profitent le plus de sa générosité et chiffre l'immense gâchis de la pandémie. Les fabricants de vaccins ont pressé les pouvoirs publics pour signer des contrats déséquilibrés : des doses d'une valeur de plusieurs centaines de millions d'euros ont déjà été jetées. Chèques à des pseudo-experts englués dans les conflits d'intérêts, promotion abusive de produits inefficaces, addictifs ou néfastes, remèdes hors de prix, chantage à la délocalisation et à l'approvisionnement au détriment des malades... Les laboratoires parviennent à cacher leur responsabilité dans les pénuries de médicaments et même, à se faire aider. Cette immersion dans la sphère d'influence de Big pharma raconte comment notre État s'est soumis à une industrie toujours plus puissante, qui reçoit toujours plus de cadeaux. Sept années d'investigation, une centaine de témoignages recueillis, des chiffres inédits et une question finale : quelles alternatives pour mettre fin au casse du siècle ?
Rozenn Le Saint est journaliste. Elle collabore régulièrement avec Mediapart. Elle est coautrice du documentaire « Médicaments, les profits de la pénurie », diffusé sur Arte en 2022.
« Dans la baise, il y a l'art et la manière, les bonnes manières et les mauvais coups. La relation sexuelle, dans ses gouffres charnels, est un langage secret qui dévoile le fond de nos êtres. Sans doute est-ce pour cela que j'aime tant baiser. J'ai en moi cette curiosité insatiable. Les mots, que je crois savoir manipuler un peu, me laissent souvent frustrée, ils ne me donnent pas tout à fait les clés de mon existence. »
Des histoires sensuelles, troublantes et poétiques, sur ce qui se joue dans l'incarnation du désir. Des histoires racontées avec audace et effronterie par un choeur de femmes cherchant à comprendre leurs élans sexuels.
Barbara Carlotti est autrice-compositrice-interprète et réalisatrice. L'Art et la Manière est son premier livre.